Contrairement à McCoy Tyner qui a connu une évolution dans son style de jeu assez radicale au cours de sa carrière, Oscar Peterson n’a pas vraiment changé sa façon de jouer. Dès ses débuts, à la fin des années 1950, il s’impose comme un pianiste à la technique irréprochable et au toucher extrêmement élégant.
L’élégance pourrait être d’ailleurs l’adjectif qui sied le mieux à Peterson : son jeu tout en adresse, en modulations progressives qui se fondent parfaitement dans la trame d’une contrebasse toujours très ronde et douce sont des caractères récurrents de chacun de ses enregistrements.
Peterson a toujours affectionné la forme du trio et il en a même à certains égards fixé des principes qui continuent aujourd’hui d’inspirer bon nombre de pianistes contemporains (ainsi Hiromi Uehara, qui le considère comme l’un de ses mentors dans cet exercice). Le Oscar Peterson Trio a beaucoup bougé au fil des ans et c’est sous son format NHOP-Terry Clarke qu’il se présente sur la scène du Festival de jazz de Montreux en 1981.
Pendant un peu moins de 45 minutes les trois musiciens proposent un jeu particulièrement rythmé, marqué notamment par le swing inimitable de Peterson sur le clavier, sachant décoller aux moments opportuns pour quelques séquences d’anthologie (la qualité fantastique de l’enregistrement nous permet également de profiter de la formidable aisance de NHOP sur son instrument).
Un doigté de fer dans une paume de velours, voilà ce qui décrirait peut-être le mieux le jeu de Peterson, ici au faîte de son art ; jamais trop académique, jamais trop expérimental non plus : un disque qui pourrait tout à fait convenir pour une initiation à sa vaste discographie.