No. 1 in Heaven
7.5
No. 1 in Heaven

Album de Sparks (1979)

Le long des années 70, les deux frères Mael provoquent. L'un, au chant, par sa voix sur-aiguë (Russel), l'autre, aux machines, par sa moustache ambiguë -Hitler, ou Chaplin, c'est selon- (Ron). Le glam-chamber-pop-rock déjanté de Sparks est foutraque, osé, absurde mais toujours sautillant, efficace et immédiat.

En 1978, comme beaucoup, ils sont déjà tombés amoureux fou de Donna Summer. Sachant qu'un certain Giorgio Moroder est derrière ça, ils décident de partir en Allemagne afin de se payer les services du plus grand moustachu de la planète pour pondre leur prochaine folie douce.

Le résultat est sans appel : en 1979, N°1 in Heaven est une pièce unique dans la discographie du duo, la rencontre avec Giorgio est contagieuse : le groupe a déjà un pied dans le futur, l'espace, les robots, le sexe mécanique et, bien sûr, les synthés. Ils annoncent avec fierté la fin des guitares, eux, ils les abandonnent, pour toujours (sic).

L'album est absolument irrésistible, à la fois la plus bordélique et la plus cohérente des oeuvres de Sparks, et sans conteste une des plus illuminée, des plus dansante et des plus visionnaire des années 70. Le groove lancinant de Moroder prend directement entre les jambes et remonte jusqu'au bassin pour le faire tournoyer mécaniquement, à l'infini. Prisonnier de cette spirale infernale, il ne nous reste plus qu'à savourer, et danser. L'album démarre en pleine vitesse et n'offre que peu de moments de répits, aussi salvateurs qu'une gorgée d'eau fraiche pendant l'amour.

La présence de Moroder ne se fait pas sentir uniquement sur la production, mais agit directement sur les membres du groupe, désormais convertis à la disco. Russell se lâche plus que jamais, comme si, durant ces 8 ans, il n'avait jamais réellement osé se prendre pour une folle d'opérette en chaleur. De son côté, Ron s'éclate. Pour la première fois il ne se contente pas de simplement pianoter poliment sur sa machine, il tambourine pour nous transporter en orbite, ses lignes de synthé sont claires, mélodieuses, toujours aussi sautillantes et cette fois obsessionnelles.

N°1 In Heaven est un grand album, unique et totalement intemporel -grâce à une production de génie qui avait déjà 30 ans d'avance, l'album n'a pas vieilli, s'il n'y avait pas cette date, on jurerai qu'il est sorti hier-.

En 1979, les membres de Depeche Mode, de New Order et des Pet Shop Boys étaient conquis.

La suite, on la connait.
moumoute
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le 10 mai 2012

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