Le trio écossais The Twilight Sad revient avec son quatrième opus deux ans après le très bon "No one can ever know". Dans une interview publiée dans le magazine britannique "Le Fly" en octobre 2009, le chanteur du groupe, James Graham a expliqué qu'il ne considérait pas leurs albums comme expérimentaux ni comme appartenant au mouvement shoegaze et qu'il ne savait pas réellement quel genre de musique il créait. Ironiquement, il la qualifiait de "folk with layers of noise" (littéralement du folk avec des couches de bruit).
The Twilight Sad a bien grandi depuis ce temps. Dès les premiers morceaux, on remarque des transformations dans l'approche musicale du groupe. Ainsi, même si la guitare et la batterie tiennent toujours une place centrale dans la construction des morceaux, des synthétiseurs font leur apparition sur certains morceaux et confèrent un aspect résolument plus électro à l'album, alors qu'ils étaient relativement peu présents voir absents sur les albums précédents.
Autant vous le dire de suite, "Nobody wants to be here and nobody want to leave" n'est pas un album qui s'écoute d'une oreille. Il faut s'imprégner de ces mélodies d'apparences obscures et sauvages, puis s'y immerger et c'est seulement là qu'on devient hypnotisé par la densité et la complexité de l'œuvre.
Dans le titre d'ouverture "There's a girl in the corner", le martèlement des percussions et la puissance des accords de guitare sont contrebalancés ave les sonorités plus troublantes du clavier, le tout justement équilibré par la voix de James Graham, qui n'est pas sans rappeler celle de Morrissey, le légendaire chanteur des Smiths.
Le titre phare de l'album, "Last january" exprime la déception et la tristesse des rêves amoureux perdus, accompagné d'une mélodie sombre qui flotte dans nos oreilles comme un morne brouillard d'automne, tenace et insidieux.
"Drown so I can watch" opère une mise en valeur des talents de compositeur du groupe avec des paroles simples mais justes. On a une superposition des voix qui peut faire penser à un folk mélodique.
"In nowheres" rappelle les envolées intenses et lyriques de Daft Punk dans la bande originale du film Tron. Néanmoins, plutôt que de simplement reproduire cette musique, James Graham avec son timbre de voix agité et rêche rajoute à cette atmosphère diffuse qui gagne en intensité pour un final en apothéose où le refrain "no more nightmares, let them go" reste ancré dans nos têtes.
Cet album marque un véritable tournant pour The Twilight Sad. Tout en demeurant énergique et en gardant cette musique profonde et travaillée qui a fait leur succès, ils parviennent à se renouveler en explorant de nouveaux champs musicaux. À la frontière du new wave de Depeche Mode, du rythme harmonieux de The National ou encore de la sombre mélancolie post-punk de Interpol, les trois écossais nous offrent une délicate et remarquable composition qui leur est propre.