Si le vide abyssal constitué par le premier album de Beady Eye était assez prévisible, rien ne laissait présager de la teneur du retour discographique de Noel Gallagher. On le sait, le dissident guitariste d’Oasis était accessoirement le seul membre du groupe à savoir composer un morceau correct, ayant même à son actif un bon paquet d’hymnes générationnels, qu’on le veuille ou non. D’où le bide total des quatre autres ex-Oasis malgré les gesticulations aussi drôles que pathétiques d’un Liam se voyant déjà en nouveau Paul Weller alors que son 'talent' d’écriture frise la nullité.
Connaissant la voix fluette de Noel Gallagher, on imaginait ce premier essai dépouillé, simple, acoustique. Et c’est par un grand orchestre, une production survitaminée et des élans lyriques que débute "Everybody's On The Run". Loin de jouer la facilité, le guitariste se risque sur le terrain du chanteur sans en avoir les capacités. Le résultat aussi bancal soit-il, s’avère honorable par la prise de risque. Surtout que l’on se rend rapidement compte au fil des morceaux que ceux-ci sont toujours mélodiquement calibrés pour Liam. Et oui, Noel n’a jamais composé pour quelqu’un d’autre et même seul, tous ses morceaux comportent ces syllabes traînantes (le refrain de "Dream On", "(I Wanna Live In A Dream In My) Record Machine") ou des mélodies vouées à l’amplitude vocale de Liam ("AKA... Broken Arrow", "The Death Of You And Me"). C’en est presque attendrissant d’entendre le seul talent de la fratrie tenter de singer l’aisance naturelle de son frère, sans compter l’hommage sous-entendu par la démarche.
Passée la boursouflure d’introduction "Everybody's On The Run", qui semble juste là pour marquer son territoire, on retrouve une écriture typique, se rapprochant assez de la période Don’t Believe The Truth d’Oasis, enjolivée par la production maousse et des arrangements foisonnants. Certaines idées s’avèrent fructueuses comme les trompettes et la basse ‘Macca’ de "Soldier Boys And Jesus Freaks" ou les claviers habités et les percussions de "AKA... Broken Arrow". Les cuivres jazzy de "The Death Of You And Me" apportent quant à eux une touche nostalgique et ténébreuse faisant écho aux paroles emplies de la rupture fratricide des deux Gallagher. La tentative très pop "AKA... What A Life!" est également bienvenue, insufflant de la respiration au milieu de l’album.
Finalement les gros points faibles de cet album proviennent à chaque fois des morceaux trop typés Oasis. Si "Dream On" tient encore la route, les ballades "Stop The Clocks" et "(I Wanna Live In A Dream In My) Record Machine" rappellent trop la propension à vouloir ériger des hymnes de stades à partir de rien en surjouant au maximum et en noyant le tout dans des surcouches d’instruments. Mais le comble vient de "If I Had A Gun...", ballade insipide où Noel se rabaisse au niveau de composition de Liam. Il aurait pu s’en passer...