Mou du genou.
Je vais commencer par désamorcer les partis pris que l'on pourrait avoir en s'appuyant sur les sujets abordés par Angèle dans ses morceaux. Je pense que c'est plutôt bien que des personnalités...
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le 4 déc. 2021
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Je vais commencer par désamorcer les partis pris que l'on pourrait avoir en s'appuyant sur les sujets abordés par Angèle dans ses morceaux. Je pense que c'est plutôt bien que des personnalités s'approprient des sujets sociétaux. Parce que sinon on n'avance pas. Si les discours progressistes restent réservés aux concernés, souvent minoritaires, ils auront du mal à être entendus et encore plus à être compris. Que des artistes communiquent des opinions engagés, ça c'est fait de tout temps et je ne vois pas le problème.
De toute façon Angèle a souvent, voir tout le temps, fait des chansons en dénonçant certaines facettes de la société. Quels que soient les propos tenus par un artisan dans son travail, ce n'est pas un indicateur de sa qualité. Quoiqu'elle chante, quelle que soit sa soit disant illégitimité, ça n'en fera pas une bonne ou une mauvaise artiste. Bref, le fond n'est qu'un bonus, ce qui compte c'est la forme et son impact émotionnel.
Si le premier album était léger, enjoué et amusant, celui-ci s'inscrit plutôt dans une continuité tristounette, ennuyante, mollassonne. Angèle prend le parti de mettre de côté l'aspect entraînant de son précédent album et de construire une ambiance morose et monotone.
Angèle garde plus ou moins cette énergie fatiguée, lassée, qu'elle a dans sa voix lorsqu'elle chante. Mais le problème c'est que dans Brol, elle confrontait le caractère maussade de sa voix à une instrumentation plus allègre. Et cette dualité marchait assez bien. Ça pouvait créer une sensation assez inhabituelle et agréablement désabusée.
Dans Nonante-cinq, elle mélange et délaisse un peu tout, je trouve que sa voix est tout de même moins blasée, et les instrumentations sont beaucoup trop neutres. De plus, là où Brol semblait quand même un petit peu rechercher une instrumentation active dans les morceaux, qui même si n'étant pas extraordinaire, pouvait être un peu originale (sans que, passez-moi l'expression, ça casse trois pattes à un canard). Dans Nonante-cinq, j'ai l'impression que cette modalité est totalement délaissée (à part peut-être de pâles fulgurances au piano dans Taxi ou dans Mots Justes). Une boîte à rythme, deux accords banales et on fait un album là dessus...ça ne marche pas.
On perd donc toute opposition entre mélodie et instrumentation (vu qu'il n'y en a plus). C'est fort dommage car c'était l'intérêt principal des productions d'Angèle à mon sens (et que je retrouve même dans Fever). Et pourtant, la jaquette de l'album laissait complètement présager qu'Angèle allait continuer de garder un ton amusant et blasé. Mais non. On se retrouve alors avec un album cohérent avec lui même (enfin hormis la jaquette du coup), c'est bien, mais chiant, c'est moins bien. Les paroles ne sont néanmoins pas mal. Dans le sens où elles glissent très bien dans notre conduit auditif, je trouve que les textes d'Angèle sont assez doux à entendre (même en dehors de toute mélodie j'entends).
Ce n'est donc pas désagréable à écouter mais ce n'est pas stimulant. Ça peut servir de fond musical, pourquoi pas, mais à écouter sérieusement ça ne vaut pas le coup, on ne ressens pas grand chose. Les sons se suivent et se ressemblent dans une atmosphère affligeante de banalité.
Nonante-cinq est un album insipide.
Créée
le 4 déc. 2021
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