C'est peut-être la prêtresse folk qui hante le plus les esprits depuis le début de cette année. Julie Byrne a en effet sorti en février un second album de neuf titres acoustiques intimistes, « Not Even Happiness », interprété à fleur de peau, avec une sensibilité déroutante.
Sur son disque, elle nous propose une orchestration minimaliste, justement dosée pour compléter une série de guitares-voix vibrantes, aussi touchantes par leur simplicité que leur beauté froide. C’est ainsi juste accompagnée d’un claviériste que nous l'avons vu jouer fin mai à Paris, sur la scène du Pop-Up du Label, à l’occasion de cette soirée coorganisée par le webzine britannique The Line Of Best Fit.
Difficile, au début du concert, d’apercevoir cette petite silhouette sur sa chaise dans un espace volontairement assombri. Mais heureusement, Julie Byrne parvient à convaincre tout le monde de s’asseoir dès la deuxième chanson, au moment d’entonner les paroles introductives de son nouvel album : « Follow my voice, I am right here ». Cette dernière à peine illuminée par un petit spot bleu, les spectateurs suivent alors sa voix profonde à genoux ou en tailleur, certains sûrement hébétés, d’autres peut-être renversés ou émus.
Le chant clair et cristallin de la native de l’État de New York donnerait presque la chair de poule dans cette atmosphère irréelle, où chaque spectateur écoute avec respect dans un silence de cathédrale. « Melting Grind », « Sleepwalker » et surtout l’ensorcelant « Natural Blue » figurent de cette façon parmi ces chansons délicates et apaisantes, interprétées comme des antidotes à la folie et à la violence actuelle.
Ainsi enchanté, le public du Pop-Up du Label se laisse alors emporter presque une heure durant, comme des enfants le feraient avec une berceuse qu’on leur susurrait à l’oreille. Reprenant les titres sublimes et envoûtants de « Not Even Happiness », les alternant avec d’autres plus anciens, la voix de velours de l’artiste se mêle à des compositions superbes, mélodieuses, dans lesquels chant et guitare se partagent les séquences d’un folk à l’état brut. Le tout sert des textes évoquant la solitude, avec beaucoup de poésie et un brin de romantisme.
Un moment intimiste, où l’on a surpris des paires d’yeux se fermer discrètement, comme pour mieux rester suspendues à cet instant. Une suggestion visiblement appréciée par l’Américaine qui, au moment d’interpréter « I Live Now As A Singer », demande à la régie de nous plonger dans le noir complet, toutes (et déjà rares) lumières éteintes pour conclure ainsi parfaitement le show et nous laisser flotter comme dans un rêve.
via indiemusic.fr