L'ascenseur émotionnel

Que dire...

Que dire d'un tel album qui arrive à réunir tant d'émotions à la fois ? Que dire d'un tel album qui est la preuve flagrante que le metal moderne arrive, tout compte fait, à se renouveler et a apporter d'énormes bouffées d'oxygène à des types un peu lassés comme moi ?

Odyssey to the West, n'a pourtant rien d'une œuvre accouchée dans la symbiose et la joie. Il a vraisemblablement fallu plusieurs années à ce groupe de coopération intercontinentale pour parvenir à l'écrire, le jouer, le monter. Les membres eux-mêmes en font état dans leurs rares communications aux fans, avant de le diffuser au public le 1er avril 2016. Sa création, imprégnée de douleurs et de plaisirs, a pu ainsi déteindre sur l’œuvre en elle-même : " It has drained us of our blood, our sweat, our tears and our sanity ". Serait-ce pour cela que dès le premier titre, la noirceur et la beauté nous prendrait-elle à la gorge ? L'atmosphère, l'univers, la poésie, le prisme hallucinant des émotions exprimées, les dualités acoustiques / électriques des instruments, les monologues des vocals, tous ces ingrédients sont réunis pour former un conte noir et introspectif complètement jouissif. Difficile par ailleurs de catégoriser cette oeuvre, qui se rapprocherait peut être du récit initiatique en termes littéraires, et c'est bien pour cela qu'Odyssey To The West nous laisse sur le carreau. C'est un maelström d'idées musicales, un mélange de genres. "Unending Waltz", "The Dark Carnival", "The City of Destruction" , devraient être des archétypes pour tout amateur de metal progressif qui se respecte.

C'est donc un chef d’œuvre mûri avec soin, un projet musical intelligent livré dans un ultime effort par les membres du groupe qui d'ailleurs décideront apparemment de se séparer suite à des dissensions internes. C'est un précieux testament musical qui nous est laissé, comme on aimerait en voir plus souvent.