Quelle claque !
Le début du film n'est pourtant pas des plus accrocheurs : L'interview par un journaliste et son cameraman d'une vieille actrice dont la gloire n'appartient plus qu'au passé. Le journaliste lui apporte un objet: une clé.
Cependant, c'est là que l'histoire s'emballe. On ne s'arrête plus, nous sommes pris dans le flux chaotique des souvenirs de la vielle actrice, jusqu'au dénouement final où l'on halète, fatigué, harassé même par cette expérience émotionnellement riche que l'on venons d'éprouver.
Des émotions, on en prend plein la gueule, à travers le visuel tout d'abord. Le dessin n'est pas exceptionnel non, mais la foule de métaphores utilisées tout au long de la narration créent une véritable profondeur, donne de la grâce et de la beauté à cette histoire somme toute assez niaise au premier abord (la poursuite inlassable d'un être que l'on aime, ce n'est pas vraiment un thème des plus novateurs).
D'ailleurs, l'immersion dans le film est totale, brute. Elle est rendue possible par la présence physique des 2 interviewers, en tant que spectateur et acteurs, dans les souvenirs de l'actrice. Ces derniers interagissent avec l'environnement du souvenirs impunément, comme des voyeurs, mais toujours avec humour. Cet humour me faisait d'ailleurs prendre du recul sur ces mêmes souvenirs, qui se mélangeaient parfois entre eux en une étreinte assez brouillonne il faut l'avouer.
Mes oreilles ont appréciées les bandes sons. Elles ne resteront pas dans l'Histoire, de mon point de vue, mais sont suffisantes pour propulser et dynamiser la narration.
En réalité, si l'on veut pousser l'analyse, Millenium Actress c'est une histoire d'inlassable réincarnation. Chaque film que l'actrice tourne est un monde, un pas dans la quête qu'elle poursuit désespérément. A chaque fois, elle semble mourir de son échec, mais on la retrouve plus loin, à une autre époque, dans un autre univers et retentant sa chance. On ne s'attache pas au personnage qu'elle poursuit, on s'attache à sa situation. Cette maudite situation par ailleurs, représentée par cette horrible vielle femme. Où est-ce l'allégorie des sentiments contradictoires que l'actrice recèle en elle ? Aimer et détester ? Ou peut-être n'ai-je rien compris.
Bref, c'est une sacrée perle de l'animation que nous avons là, qui laisse une place à l'imagination du spectateur, comme vous l'avez lu, sans trop de linéarité.