Millennium Actress est doté d'un scénario dont la simplicité pourra en rebuter plus d'un. La vie d'une femme qui n'a quasiment jamais cessé de courir après son amour perdu, inassouvi. Dit comme ça, nombreux sont ceux qui vont lever les yeux au ciel, pousser un soupir de dépit, et se dispenser de tout visionnage. C'est une erreur.
Car cette femme, Chiyoko, fut une actrice adulée dans les années 50, et, alors qu'au crépuscule de sa vie un journaliste et son cameraman viennent l'interviewer, le récit de son existence se confond tout naturellement avec sa filmographie. Réalité, fantasme, paravent d'illusions pour ne pas se confronter à une vie manquée ? Qu'importe. Passant d'un film à l'autre, la destinée de personnages incarnés s'entremêlent pour relater toute la vie de Chiyoko. Le spectateur finit par renoncer à séparer la fiction de la réalité tant leur union forme un tout cohérent, harmonieux, irrésistible.
Formellement, c'est un sans faute. Les graphismes sont magnifiques sans être pour autant tape à l’œil, le montage soutient un rythme parfait, on ne s'ennuie pas une minute. Quoique ne durant qu'une heure vingt et des poussières, Millennium Actress est dense, sans pour autant donner une sensation de rythme effréné. Il y a là une vraie maîtrise de Satoshi Kon a équilibrer son œuvre et ne jamais lâcher son spectateur en cours de route.
On retrouve dans Millennium Actress les thématiques chères au réalisateur. La confusion rêves & réalité, un personnage féminin à la fois fort et ballotté par les événements, une mise en abîme du film dans le film, un amour général pour le cinéma qui transpire de la pellicule.
Quoique doté d'un final attendu et d'une histoire dont le résumé tient sur une feuille de tabac à rouler, Millenium Actress est un excellent film. Récit prenant, personnages fouillés et attachants, destinées entremêlées, images superbes. Une réussite.
Ah, tiens, j'ai parlé de film tout du long, pas d'anime. C'est assez révélateur.