New Yorke 1997
OK Computer fait évidemment partie des albums qu'on aurait pas idée de critiquer. Parce que tout a plus ou moins été dit mais qu'une critique exhaustive est impensable, et parce que tous ceux...
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le 28 août 2012
55 j'aime
27
1997.
Dans une Angleterre qui subit la loi d'un tandem Oasis/Blur, le monde du rock se retrouvent chamboulé quand débarquent 5 mecs tout droit venu d'Oxford. Menés par un homme sans paupière, répondant au patronyme de Yorke, nos 5 bonhommes ne sont pas non plus totalement des inconnus, puisqu'ils sortent en cette douce année 1997, leur troisième album, deux ans après le très prometteur The Bends. Ce dernier s'exprimait surtout dans un côté plus pop qu'OK Computer.
Car OKC est une mini bombe dans le paysage rock des années 90, un savant mélange entre le rock, la pop et la musique électronique, desquels découlent des sonorités envoutantes qui font rentrer l'album dans une autre dimension. Au delà du simple coup d'éclat, au delà de la simple excitation que provoque la première écoute, Ok Computer se démarque par sa faculté à toucher nos émotions. Que ce soit par les thèmes abordés, d'un grand pessimisme sur la société anglaise, ou les mélodies portées par la voix magique de Thom Yorke, l'album percute son auditeur de plein fouet. La voix de Yorke associées à la guitare et à la recherche musicale de Johnny Greenwood (le 2e larron, trop souvent laissé de côté) offrent un mélange qui touche parfois au sublime, en témoignent la maîtrise se dégageant des nombreux crescendos présents ou des chansons comme Lucky ou Climbing Up the Walls, qui brillent de mille feux lorsque Yorke poussent ses cordes vocales.
Des nerveux Airbag et Electioneering, au planant duo Lucky/The Tourist en passant par les montées en puissance que sont Karma Police, Exit Music (For a Film) et Climbing Up the Walls, sans oublier Paranoid Android (un Ovni à lui seul), la galette tourne et nous plonge dans une atmosphère qui n'est pas sans rappeler quelques belles envolées Floydiennes des années 60 et 70 (non j'ai pas peur de la comparaison).
D'ailleurs en parlant de comparaison, que l'on ait présenté Radiohead comme le nouveau U2, me terrifie... Radiohead n'est pas le nouveau U2, Radiohead évolue dans un style différent, et est musicalement un ton au dessus.
Bref.
Bien entendu quand je parle d'envolées Floydiennes, je reste mesuré, on en fait pas de telles comparaison comme ça, mais il n'empêche que sur certaines chansons, Lucky notamment, l'influence du plus grand groupe de tous les temps (ça se voit tant que ça que je leur voue un culte ?) est fortement présente.
Mais si musicalement, Radiohead touche au sublime, c'est parce que le groupe joue à merveille avec le thème de la déshumanisation, qui est au centre de l'album. Même si Airbag est un brin moins pessimiste et si Electioneering casse avec le reste de l'atmosphère (seul point négatif à mes yeux), le reste crée une atmosphère pesante au milieu des envoutantes mélodies. En témoignent Climbing Up the Walls, une chanson aux paroles de psychopathe en puissance, No Surprises, qui fait l'objet du suicide, ou Lucky, véritable trompe l'oeil, la chanson étant une lamentation, une mise à mort remplie d'ironie ("Kill Me Sarah" / "it's gonna be a glorious day !") ou encore Karma Police, qui dresse un portrait très peu reluisant sur la condition de l'autorité et en partie de la déshumanisation des forces de l'ordre.
Je finirai quand même avec Paranoid Android. A la base la chanson devait durer plus d'une quinzaine de minutes, les idées fusaient dans tous les sens, et la plénitude trouvée par le groupe lors de l'enregistrement dans un manoir reculé au beau milieu de la campagne a beaucoup aidé. Lorsqu'on l'entend pour la première fois, on se rend très rapidement compte que c'est une chanson à part. Ecrite par Thom Yorke, elle puise son inspiration, notamment chez Queen et son fameux Bohemian Rhapsody, de part la structure de la chanson, divisée en 4 parties distinctes et alliant rage et violence des guitares et synthés, à des moments plus planant, où la voix de Yorke semble calmer l'ambiance. Ceci dit la chanson se termine dans le chaos absolu, ce qui colle parfaitement aux paroles, Yorke l'ayant écrite en se basant sur un évènement qui l'a marqué, où des fans l'ont harcelé dans un bar...
Ce que réussit à créer Radiohead en un peu moins d'une heure est phénoménal. Le rock n'avait plus été aussi noir et beau à la fois depuis un certain temps, et le groupe en profite pour enterrer ses deux concurrents, bien trop occupés à se battre entre eux, voir même au sein du groupe (Noël chez les Gallagher ça doit être sympa !). Cet album je les découvert assez tard, et je ne peux plus le sortir de ma tête. Des chansons comme Paranoid Android, Exit Music, Karma Police, Lucky ou The Tourist (très proche de ce que peux proposer Sigur Ros d'ailleurs) restent gravés dans ma tête. Une fois qu'on est rentré dedans c'est impossible de s'en sortir.
Hormis la Sainte Trilogie Floydienne, rarement un album ne m'aura autant touché personnellement que cet opus.
Peut-être pas le plus grand album de tous les temps, certainement l'album majeur des années 90, mais une nuée d'éclairs au milieu du chaos. Voilà ce qu'est OK Computer.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 5 août 2015
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