OK Computer
8.1
OK Computer

Album de Radiohead (1997)

Il y a 20 ans, Radiohead révolutionnait le rock avec OK Computer. Ce troisième album s’inscrit dans une longue et remarquable ascension qui les fait passer d’un groupe parmi d’autres de la scène alternative d’Oxford à des artistes d’avant-garde. Le quintette propulse le rock alternatif au rang d'art total en traficotant avec moult talents des mélodies enivrantes, des rythmes syncopés, des textes profonds. Le choix des sonorités et la complexité de certaines structures témoignent d'une inventivité hors norme, servie par des influences hétéroclites et une sensibilité aiguë. Tout jugement hâtif à l’égard d’OK Computer est à proscrire compte tenu de la diversité des sentiments et réflexions qu’il suscite. Alors que Radiohead fête son anniversaire avec une réédition comportant des titres bonus, revenons sur l’histoire de ce disque, ce qui le rend exceptionnel et la signification que l’on peut lui attribuer.



Un groupe uni en pleine ascension



Radiohead, c’est un style, une identité visuelle, un credo, mais c’est avant tout une histoire. Celle de cinq individus qui, passionnés de musique et en particulier de rock alternatif, commencent à répéter le vendredi après-midi sous le nom d’« On a Friday » à l’université d’Abingdon. Amis depuis leurs études, les cinq hommes sont dès le départ très soudés au point de partager une maison au début des années 1990. Vivre ensemble constitue pour eux une expérience d’autant plus forte que c’est l’époque où ils commencent à être repérés par des producteurs dans les pubs d’Oxford. Cet esprit d’unité demeurera tout au long de leur carrière, en dépit d’inévitables tensions dont ils tiennent soigneusement le public à l’écart. Le quintette n’a jamais changé : en trente ans d’existence, ce sont toujours les mêmes, et leurs projets solos respectifs ne les empêchent jamais de se retrouver et d’avoir plaisir à jouer ensemble.


Au centre du groupe, un chanteur qui s’illustre aussi par ses talents à la guitare et au piano : Thom Yorke. Personnalité forte, engagée mais discrète, c’est lui qui compose la grande majorité des morceaux et qui donne le ton. Mais les quatre autres membres sont loin d’être de simples interprètes. Jonny Greenwood et Ed O’Brien méritent tous deux leur classement dans la liste des 100 meilleurs guitaristes de tous les temps du magazine Rolling Stone. Jonny Greenwood joue de la guitare mais est aussi claviériste, arrangeur de cordes et compositeur secondaire. Il a une grande complicité avec son frère Colin, également membre du groupe. Avant tout bassiste, celui-ci joue aussi du synthé et des percussions à ses heures perdues ; tout comme le batteur Phil Selway, c’est un excellent musicien. Pour compléter le tableau, citons deux autres personnes qui ne cessent de graviter autour de Radiohead : l’ingénieur du son Nigel Godrich parfois qualifié de « sixième membre du groupe » et le graphiste Stanley Donwood qui réalisera toutes leurs pochettes à partir du deuxième album.


Sages et prévoyants, les cinq membres du groupe attendent d’avoir fini leurs études pour se consacrer entièrement à leur passion : c’est ainsi que le premier album Pablo Honey ne sort qu’en 1993 alors que le groupe a été formé dès 1986. Le moment fort de cet album est « Creep », hymne planétaire qui évoque le mal-être et la haine de soi et qui suivra Thom Yorke comme une malédiction à mesure que la musique du groupe évoluera. L’album contient quelques autres bons morceaux, mais il faut attendre The Bends deux ans plus tard pour que le talent incroyable de Radiohead apparaisse au grand jour. Ce deuxième album est un chef d’œuvre de rock alternatif à guitares, qui sait ménager beauté et énergie, parler universel avec des paroles personnelles. De sublimes balades rock comme « Fake Plastic Trees » et « High and Dry » y côtoient des morceaux beaucoup plus énergiques comme « Just » ou « My Iron Lung ». Quant au dernier titre « Street Spirit (Fade Out...) », c’est le morceau le plus déroutant et le plus torturé, et il annonce la suite d’une certaine manière.



Du hangar au manoir : genèse d’un album expérimental



The Bends rencontre un franc succès que les membres du groupe ont du mal à gérer. Thom Yorke en particulier est l’objet d’une attention constate de la part de journalistes qui tiennent à le présenter comme le nouveau héros dépressif du rock, successeur de Ian Curtis et Kurt Cobain. Il faut dire que des éléments dans sa biographie rendent le pathos facile : Thom Yorke, l’enfant surnommé « la salamandre » à cause de sa paupière gauche paralysée... Ces jugements hâtifs de la presse sont insupportables pour le chanteur qui, tout en reconnaissant une tendance à la déprime, se sent heurté par une telle catégorisation. La méfiance et le sentiment d’être incompris le maintiennent d’autant plus à l’écart du milieu des people dans lequel il n’est pas à son aise. Michael Stipe de R.E.M. lui est d’un soutien précieux, ayant vécu le même genre de situation, mais le malaise perdure. Maladie, pétage de plombs, frustration devant la non-réceptivité du public américain... C’est dans un contexte difficile que l’enregistrement du nouvel album commence en juillet 1996.


Ce troisième album, OK Computer, est enregistré en grande partie en live dans des conditions probablement uniques dans l’histoire. Le groupe travaille dans un premier temps à Canned Applause studio, un taudis sans sanitaires où ils enregistrent tout de même un tiers de leur album. Quand ils commencent à en avoir marre de ces conditions précaires, ils se déplacent près de Bath pour s’installer au manoir St Catherine’s Court gentiment prêté par l’actrice Jane Seymour. Ils exploitent à fond les possibilités de ce lieu sinistre mais magique : les voix d’ « Exit Music (For a Film) » sont enregistrés sous un escalier de pierre pour profiter de la réverbération naturelle ; « Let Down » est enregistré à 3 heures du matin dans une salle de bal... Ce retranchement permet au groupe de conserver son intégrité vis-à-vis du monde extérieur et les encourage à l’expérimentation. Seul le fidèle Nigel Godrich, dorénavant producteur attitré du groupe, a le droit d’exercer une influence dans ce manoir d’où jailliront des miracles. Cela valait bien quelques insomnies, Thom ?


Les overdubs, le mixage et même le choix de l’ordre des titres prennent beaucoup de temps. Ce n’est que le 16 juin 1997 qu’OK Computer est dans les bacs en Grande-Bretagne. Auparavant, un premier single extrait de l’album est paru, accompagné d’un clip mettant en scène le personnage de dessins animés Robin : « Paranoid Android ». Il fallait du culot pour choisir cette piste de 6 minutes – au début, elle en faisant 14 ! – à la structure progressive et aux paroles bizarres. Mais Radiohead se fiche des conventions et ce single peu orthodoxe symbolise leur ambition d’imposer, plus qu’un style, une manière artistique de concevoir le rock. A l’époque, il existe certes des expérimentations intéressantes du côté de l’électro et du trip-hop, mais le gros du public anglais reste complètement gaga de la Britpop. Pour Liam Gallagher d’Oasis, ce qui est important est de plaire et il ne faut pas s’embêter à aller chercher les sonorités très loin pour cela. Thom Yorke méprise profondément cet état d’esprit et il en découle une haine presque viscérale pour Oasis et ce qu’ils incarnent. Dans son manoir, Radiohead a bâti une œuvre aux antipodes de la Britpop : novatrice, sombre, déroutante.


Bien sûr, une œuvre de ce genre ne se crée pas à partir d’une tabula rasa. La matrice de l’album est constituée d’inspirations personnelles mais aussi d’une solide culture musicale commune, renforcée à l’occasion d’interminables trajets en bus de leurs tournées américaines qui resteront l’un des meilleurs souvenirs d’Ed O’Brien. C’est ainsi que l’on trouve une diversité insoupçonnable d’influences dans OK Computer. Bien entendu, Radiohead est avant tout influencé par toute la scène rock alternative qui les précède : les Pixies à qui ils vouent un véritable culte ; les Talking Heads à qui leur nom est un hommage ; PJ Harvey pour qui ils ont assuré la première partie en 1993 ; The Smiths, Sonic Youth, R.E.M., Joy Division... Mais l’on trouve aussi sur OK Computer des traces du jazz fusion de Miles Davis, du Krautrock de Can, de l’abstract hip-hop de DJ Shadow, du trip-hop de Portishead, de la soul de Marvin Gaye, de la musique classique de Penderecki. Pour trouver l’âme des incontournables Beatles là-dedans, vous n’avez qu’à écouter « Sexy Sadie » puis « Karma Police ». De l’électro ? Un peu, mais c’est surtout à partir de Kid A que Radiohead creusera loin cette piste en s’inspirant d’Autechre et Aphex Twin. Quant au rock progressif, figurez-vous qu’ils n’en écoutent jamais !


Pour oser donner naissance à OK Computer, Thom Yorke a dû mettre de côté la solution de facilité qui consistait à écrire des chansons rock intimistes du style de celles de l’album précédent. Le public aurait sans doute apprécié, de même que le label Capitol qui craignait que ce troisième album ne soit un « suicide commercial ». Mais plutôt que de surfer sur la vague d’une recette qui marche, Thom Yorke rend l’élaboration de l’album plus participative de sorte que chaque membre du groupe puisse tenter de mettre ses idées les plus farfelues au service du renouveau musical qu’ils sentent gronder en eux. Alors l’album sonne comme aucun album n’avait jamais sonné jusque-là et repousse une nouvelle fois les frontières par nature fluctuantes du rock alternatif. La tournée qui suit est éprouvante pour Thom Yorke, comme le montre sans ménagements un film intitulé Meeting People Is Easy. Mais, bien que cela passe par-dessus la tête du chanteur, le succès critique est intense. Aujourd’hui, beaucoup de spécialistes considèrent OK Computer comme l’un des meilleurs albums de tous les temps – l’auteur de cet article n’hésite pas à suggérer que c’est le meilleur.



Un bloc alternatif au style auto-référentiel



L’appartenance d’OK Computer au rock alternatif ne fait aucun doute, mais cela ne nous dit rien du style de l’album. Totalement inédit à l’époque, ce style influence une flopée de groupes de rock plus ou moins alternatif, de Coldplay à Grizzly Bear en passant par Travis, Girls in Hawaii et Elbow. Au-delà de ces héritages manifestes, l’album se dilue dans sa postérité et laisse ainsi une trace indélébile dans la musique contemporaine. De même que pour les œuvres les plus marquantes des Beatles et de Pink Floyd, il matérialise un bond en avant après lequel on a du mal à concevoir que l’on puisse faire de la musique de la même manière.


Alors, comment caractériser ce style ? En quelques mots, on pourrait dire qu’il s’agit de rock planant et mélancolique faisant la part belle aux superpositions d’instruments, aux changements impromptus de rythmes et aux sonorités atmosphériques. En réalité, OK Computer est bien plus que cela et ne pourrait être résumé en une phrase. Les adjectifs par lesquels on sera tenté de le décrire sont impuissants à le saisir dans sa totalité car les chansons sont à la fois disparates et complexes. Mélancoliques aux premières écoutes, certains titres comme « Let Down » ou « Lucky » laissent dévoiler au fil du temps leur caractère bienveillant ou grandiloquent. « No Surprises », quant à elle, n’a rien à faire dans Shrek tant elle est d’un pessimisme qui n’a rien d’inoffensif. Et puis, même l’ambiance générale est sujette à caution : si l’on se situe clairement dans la modernité technologique qui écrase les individus, sommes-nous du côté des forts ou des opprimés ?


En fait, le style d’OK Computer est indéfinissable parce que fluctuant et auto-référentiel. C’est un album qui se cherche perpétuellement. Les premières notes qui sortent du disque, à savoir celles du riff de Jonny Greenwood sur « Airbag », semblent éclore d’un œuf et regarder autour d’elles pour voir ce qu’il y a à découvrir. Elles sont aussitôt enveloppées d’une deuxième guitare électrique et de percussions instigatrices de suspense. Puis les instruments s’installent petit à petit sur ce morceau en ayant l’air d’hésiter voire de s’excuser : d’abord la batterie qui donne l’impression de se rétamer par terre, puis la voix ésotérique de Thom Yorke, la basse hachée et grondante de Colin Greenwood, et enfin les discrets accompagnements au clavier de Jonny Greenwood.


Arrivés aux trois quarts de la chanson, on se dit que Radiohead a fini par trouver l’équilibre à l’issue d’une laborieuse séance d’improvisation. Puis vient la partie la plus chaotique et imprévisible du morceau, et les quatre notes électroniques finales qui semblent plus faites pour introduire « Paranoid Android » que pour conclure « Airbag ». A ce stade, impossible de deviner où Radiohead nous emmène : au couplet languissant du deuxième morceau succèdent un refrain plus entraînant, un pont nerveux, un solo de guitare épique puis une section chorale de toute beauté. C’est le premier moment de pure glorification de la beauté artistique sur OK Computer. Et c’est peut-être là que l’on a la confirmation que tout est parfaitement calculé et maîtrisé : les effets bizarres, les coupures, les gémissements, tout est fait pour mettre l’auditeur dans un état de tension attentive et le préparer à recevoir le choc des passages les plus beaux.


C’est comme ça que l’album produit son effet : les moments d’anxiété sont aiguisés par l’anticipation des moments d’apaisement. Sur le troisième titre « Subterranean Homesick Alien », on croit ainsi marcher sur un fil fragile pendant tout le morceau puis Radiohead résout deux fois le conflit : une première avec les mots « but I’d be alright » et une deuxième à la toute fin lorsqu’ils reprennent les notes du début de façon plus conclusive. Vient ensuite l’un des triptyques les mieux pensés de l’histoire du rock : « Karma Police » répond cyniquement à l’envolée optimiste de « Let Down » qui est elle-même une réaction à la morbidité romantique d’« Exit Music (for a Film) ». La première moitié de l’album se conclut en beauté sur la répétition d’une phrase dont Thom Yorke semble redécouvrir la puissance à chaque incantation : « For a minute there, I lost myself ». Le septième morceau « Fitter Happier » représente quant à lui une transition microphonique des plus atypiques. Radiohead avait envisagé de le mettre en première position, mais ils ont probablement eu raison d’y renoncer car cette entrée en matière aurait été trop brutale. « Airbag », au contraire, est parfaite pour débuter l’album car elle semble le contenir en entier sans hâter la découverte.


Sur la deuxième face, je suis tenté de percevoir une inexplicable symétrie : nous avons d’un côté un paquet constitué de l’excité « Electioneering » et de son antithèse « Climbing Up the Walls », de l’autre le duo des chansons les plus posées « Lucky » et « The Tourist ». Et dans l’axe, j’oublie toujours qu’elle est là en approchant du numéro 10, mais « No Surprises » nous berce dans son aura de dépression et présente la signification la plus explicite de l’album jusque-là. Remarquez que Radiohead recourt de nouveau à la méthode de l’hésitation pour introduire « Electioneering » alors que la mélodie principale de « No Surprises » débute directement. L’explication heuristique serait que la première est d’un tempérament nouveau jusque-là dans cet album, alors que la deuxième se rapproche du style de « Let Down » qui est son antagoniste dans les songes. Par ailleurs, les intros et outros en friche musicale laissent le temps d’encaisser les chocs de ce qui précède. Enfin, comment ne pas s’écrier que l’album s’écoule de la manière la plus génialement programmée à l’écoute des dernières mesures ? Les instruments s’en vont calmement sur « The Tourist » et Phil Selway fait résonner un petit coup de triangle pour signifier que la séance est finie.



Voix de falsetto, claviers aériens et trio de guitares folles



C’est donc à l’issue de nombreuses écoutes que l’on perçoit OK Computer comme un bloc cohérent constitué d’un ensemble ordonné d’unités complexes. Mais pour être sûr que c’est toujours le même album que l’on écoute, il faut aussi des dénominateurs communs, des éléments qui font que l’on saisit immédiatement à l’oreille le rapport entre tel passage et tel autre. Ce sont bien sûr les musiciens, leur style de jeu et leurs sonorités qui vont remplir cette fonction. Yorke tenait à chanter chaque morceau différemment et y est parvenu ; mais c’est toujours la même personne et sa voix de falsetto, rôdé à la technique de Jeff Buckley, que l’on entend. Cette voix est le premier élément de continuité de l’album : c’est elle qui permet de donner sens et humanité aux morceaux. Tantôt geignante, tantôt agacée, tantôt étonnée, elle est le principal instrument. Sur des moments à climax tels que le dernier couplet de « Let Down » ou la troisième section de « Paranoid Android », le chanteur accomplit des prouesses de coffre et de justesse harmonique. Les chœurs chantés et superposés par Yorke n’ont rien à envier à ceux des Beach Boys. Ils ne sauraient être confondus les chœurs factices qui sortent du mellotron de Jonny Greenwood : ceux-là, comme le Mac de « Fitter Happier », sont des voix désincarnées qui mettent d’autant plus en valeur l’authenticité de celle de Thom Yorke.


Un autre élément manifeste du style d’OK Computer, qui le distingue cette fois-ci de son prédécesseur The Bends, est l’importance des sonorités issues d’instruments autres que le traditionnel quatuor guitare/basse/batterie/voix. Entendons-nous bien : OK Computer n’est pas une foire de démonstration pour tous les instruments possibles et imaginables comme c’est le cas dans certains albums de rock progressif ou indépendant. Les sonorités sont méticuleusement sélectionnées et s’intègrent parfaitement à l’ensemble. Synthétiseur, orgue, mellotron, glockenspiel, piano... Jonny Greenwood se montre remarquablement doué pour utiliser les claviers, dont il fait un usage beaucoup plus poussé que sur The Bends. C’est aussi lui qui compose la section de cordes de « Climbing up the walls ». Ce sont les mélodies envoûtantes et les nappes enveloppantes issues de ces instruments qui confèrent à l’album un aspect aérien ; « Suterranean Homesick Alien » en est l’émanation la plus marquée. Thom Yorke n’est pas non plus en reste dans les bidouillages : il n’hésite pas à utiliser des séquenceurs et un ordinateur pour faire surgir des sons de nulle part. D’où le titre de l’album !


Mais on aurait tendance à oublier que Radiohead demeure avant tout un groupe à guitares. Ces dernières sont certes moins centrales que sur The Bends mais elles sont loin d’avoir disparu comme sur certaines pistes des albums suivants. Au contraire, les trois guitares apparaissent à un moment ou un autre sur la plupart des morceaux. Les riffs et solos de guitare électrique les plus mémorables qui parcourent l’album sont généralement l’œuvre de Jonny Greenwood. Dans l’ombre, son comparse Ed O’Brien y ajoute une épaisseur, une fioriture ou un contre-point. A coups de distorsions, réverbérations, delay, fuzz et autres effets non identifiés, les deux hommes rivalisent d’imagination pour mener OK Computer vers les hautes sphères de l’expérimentation guitaristique. Mentionnons la descente finale en piqué de « Karma Police », la trame de fond grésillante de « Lucky », la volonté de dépasser le mur du son sur « Let Down »... Quant à la guitare acoustique, elle est jouée par nul autre que Thom Yorke qui ajoute ainsi une certaine fraîcheur à des passages de « Paranoid Android », « Exit Music (For a Film) » et « Karma Police ». Il n’est que le troisième guitariste par ordre d’importance, mais quand il prend son manche, ses notes apparaissent aussi fragiles et précieuses que sa voix.


Enfin, impossible de cerner complètement le style d’OK Computer sans prêter attention à ses aspects rythmiques. Colin Greenwood est sans doute le membre le plus « cool » du groupe, et cela se ressent dans sa façon de jouer de la basse, qui apporte un groove quelque peu rassurant dans les moments les plus torturés. Il soutient avec force et brio les guitares sur certains passages comme le pont de « Paranoid Android » ou les couplets de « Lucky ». Phil Selway, qui a un jeu de batterie clair et légèrement souffreteux, a lui aussi ses moments de bravoure. La montée qu’il mène d’une main de maître dans le deuxième tiers d’ « Exit Music (For a Film) » est l’un de ces passages du rock où la batterie est, bien plus qu’un support rythmique, un ensemble cohérent de tambours et de cymbales produisant leur propre beauté. Et puis, le groupe n’hésite pas à orienter le rythme dans des directions inattendues : « Electioneering » est rythmée à la sonnaille, la batterie d’ « Airbag » est samplée et la traditionnelle signature rythmique en 4/4 de « Paranoid Android » vire au 7/8.



Douze morceaux hors-du-commun



On a dit d’OK Computer qu’il était expérimental, planant, beau, surprenant, envoûtant, puissant, majestueux, génial... On a mis en avant son côté déprimé mais aussi son côté libérateur. On a parlé de ses aspects rock, acoustiques, électroniques, progressifs... On l’a trouvé à la fois dérangeant et apaisant... un peu dichotomique, en somme. On l’a senti poignant et hermétique, fluide et imprévisible, doux et énergique, moderne et orwellien. Vous savez quoi ? OK Computer est tout cela à la fois. Et chacune des douze chansons qui l’habite pousse certains de ces aspects à leur paroxysme. Pris isolément de l’album qui les transcende, n’importe lequel de ces morceaux est exceptionnel ; pris au sein de l’album, il le reste. Exercice : essayons d’attribuer trois adjectifs à chaque morceau d’OK Computer pour caractériser ce qu’elle a de plus que les autres.


1. « Airbag » : la plus représentative, la plus électronique, la plus imprévisible
Inspiré par DJ Shadow, ce morceau nous plonge d’emblée dans le caractère anxiogène de la société contemporaine. Il évoque les sentiments que peuvent induire le fait d’échapper à un accident de voiture. L’idée de réincarnation est prise dans le Livre Tibétain des Morts, ouvrage ayant influencé d’autres artistes avant Radiohead...


2. « Paranoid Android » : la plus progressive, la plus impressionnante, la plus géniale
D’une durée de 6 minutes 27, divisée en quatre sections dont une composée par Jonny Greenwood, cette progression épique est inspirée par « Bohemian Rhapsody » de Queen qu’elle surpasse haut-la-main. D’après Thom Yorke, il y a de l’humour dans ses paroles qui oscillent du cynisme à l’absurde.


3. « Subterranean Homesick Alien » : la plus extra-terrestre, la plus planante, la plus hermétique
Si le titre est une allusion à Bob Dylan, c’est plutôt l’atmosphère de Bitches Brew de Miles Davis qui fait office de référentiel. La chanson parle d’un enlèvement par des extra-terrestres, du chamboulement que cela entraîne et de l’impossibilité d’être cru lorsqu’on en parle.


4. “Exit Music (For a Film)” : la plus acoustique, la plus poignante, la plus majestueuse
Il s’agit d’un morceau de commande pour Baz Luhrmann qui la met au générique de fin de son film Romeo + Juliet. Elle reprend l’histoire des deux amants de façon plus concise que Shakespeare. Pour l’introduction, Thom Yorke déclare s’être inspiré de "At Folsom Prison" de Johnny Cash.


5. « Let Down » : la plus optimiste, la plus bienfaitrice, la plus belle
Et si le sol d’un bar s’ouvrait et que toutes les personnes à l’intérieur devaient s’accrocher à leurs bouteilles suspendues au plafond ? C’est de cette pensée amusante que part « Let Down », morceau sur le transport et l’écrasement, qui évoque cependant la possibilité de voler avec des ailes...


6. « Karma Police » : la plus orwellienne, la plus fluide, la plus mythique
Avec la police du karma, il s’agit d’être content de sa conduite... Cet état d’esprit positif était prôné avec humour au sein du groupe. Cependant, on peut voir la chanson comme une interprétation de 1984 de George Orwell. D’autant qu’une fille coiffée comme Hitler y est mentionnée...


7. « Fitter Happier » : la plus moderne, la plus expérimentale, la plus radicale
Les membres du groupe s’amusaient avec des voix informatiques qui les faisaient penser à Stephen Hawking. En l’occurrence, ce discours monocorde accompagné d’un piano lugubre et de bruitages étranges fait plutôt froid dans le dos : plus sain, plus productif, suivez les injonctions sociétales et soyez un bon cochon sous antibiotiques !


8. « Electioneering » : la plus rock, la plus énergique, la plus politique
Thom Yorke ne peut pas blairer Tony Blair. Il écrit ce morceau énervé après avoir lu La Fabrique du consentement de Noam Chomsky, persuadé que le système politique est corrompu et que les médias ne font qu’empirer les choses. « Quand j’avance, tu recules et quelque part, nous nous croiserons »...


9. « Climbing up the Walls » : la plus sombre, la plus dérangée, la plus surprenante
Cette chanson nous plonge dans un état d’esprit dément. Thom Yorke s’est inspiré de son expérience d’employé dans un hôpital psychiatrique et d’un article du New York Times sur les tueurs en série. Vu le titre, on devine qu’il est question de s’échapper, d’où le côté peu tranquillisant du morceau...


10. « No Surprises » : la plus simple, la plus déprimée, la plus envoûtante
Il ne faut pas se fier à son aspect apaisant de berceuse dû à l’utilisation du glockenspiel comme une boîte à musique. « No Surprises » parle du côté absolument déprimant et sans intérêt de la vie moderne, rien que ça ! Dans le clip promotionnel, on peut voir Thom Yorke en train de se noyer.


11. « Lucky » : la plus dichotomique, la plus puissante, la plus libératrice
Contacté par Brian Eno, le groupe enregistre ce morceau pour les enfants victimes de la guerre de Bosnie-Herzégovine en 1995. C’est naturellement le morceau de l’album qui évoque le plus l’espoir. Le public de la tournée The Bends a pu entendre sa guitare électrique qui retentit de façon complète, magistrale, assez gilmourienne.


12. « The Tourist » : la plus posée, la plus relaxante, la plus cathartique
C’est Thom qui chante et est à l’origine des paroles mais c’est Jonny qui l’a composée – cela reste d’ailleurs l’une de ses contributions majeures à l’œuvre de Radiohead. Elle parle de ralentir quand tout va vite autour de soi. Un conseil bienvenu après l’écoute d’un album qui n’a pas ménagé son auditeur !



Modernité d’OK Computer et aliénation technologique



Moderne, OK Computer l’est à la fois par les techniques de composition qui l’ont enfanté et par l’omniprésence de la technologie dans les paroles. Celle-ci est présentée comme source d’angoisse et d’aliénation. Cela commence fort avec l’accident de voiture comparé à une troisième guerre mondiale : « in a next world war/in a jacknifed juggernaut/I am borna gain ». A l’autre extrémité de l’album, « Lucky » va plus loin en imaginant un crash d’avion, allégorie de la guerre de Bosnie dont il faut sortir les innocents : « pull me out of the aircrash, pull me out of the lake ». Ce leitmotiv des transports apparaît aussi sur « Let Down » par l’énumération initiale « transports, motorways and tramlines, starting and then stoping, taking off and landing » et indirectement sur « The Tourist » avec l’injonction de ralentir. Dans les deux cas, les moyens de transport symbolisent l’accélération d’une société qui ne prend plus le temps de se poser.


La révolution numérique marque une nouvelle étape de la modernité alors que Radiohead compose l’album ; ils perçoivent les effets de ce changement sur la société de manière aussi visionnaire que critique. Trois ans avant l’an 2000, Radiohead fait le point sur un emballement technologique qui n’impacte pas seulement l’économie mais aussi directement les individus eux-mêmes. « He talks in maths, he buzzes like a fridge » : la frontière entre l’humain et la machine se brouille. L’univers de l’album est proche de la science-fiction, tendance dystopique, avec l’évocation d’androïdes et d’extra-terrestres mais aussi de Dieu, d’un chef d’état, d’un superhéros. Toutes ces figures inaccessibles suscitent l’espoir et la désillusion. « I live in a town where you can’t smell a thing, you watch your feet for cracks in the pavement » : la cité moderne de “Subterannean Homesick Alien” est aussi aseptisée que le joli pavillon avec jardin décrit dans “No Surprises”. La technologie demande des efforts (“car wash – also on Sundays”) mais aussi de l’abdication. Ironiquement, elle serait là même pour annoncer une bonne nouvelle qui ne vient pas : « no alarms and no surprises ».


On a souvent pointé le paradoxe qui consistait à s’alarmer de l’emballement technologique tout en embrassant les potentialités musicales qu’elle permet. Mais si c’était un paradoxe assumé ? Et si les sons technologiques que l’on entend à la fin de « Karma Police » et au début de « Climbing Up the Walls » n’étaient pas neutres du point de vue de la signification ? OK Computer décrit le monde froidement, sans jugement, son cynisme n’est qu’une représentation du cynisme du monde. Ce n’est pas vraiment un album « engagé ». Alors il n’y a aucune contradiction à mettre de la technologie dans les sons : celle-ci n’est pas seulement utilisée mais aussi matérialisée, balancée aux oreilles de l’auditeur, mise en évidence à travers coupures et dissonances. Elle apparaît aussi dans le livret du CD avec les dessins de machines et la déstructuration des paroles, et au dos de la pochette avec la mention « 1 = 2 (we hope that you choke) ».


OK Computer, c’est l’aliénation de 1984 mais aussi l’ère du bug technologique à la Brazil, avec une bonne dose de l’apathie devant l’organisation en apparence parfaite et inébranlable de la société que David Fincher montrera deux ans plus tard dans Fight Club. D’ailleurs, le réalisateur avait songé à Radiohead pour sa bande sonore. A la manière de Tyler Durden, l’individu de « Fitter Happier » est bloqué sur son siège et assigné à une existence répétitive, conventionnelle, dénuée de sens profond. « An empowered and informed member of society (pragmatism not idealism) » : faire partie de la société, c’est accepter ses règles et son inertie, qui vous happe jusque dans votre existence intime. Une force d’inertie qui va toujours vers le « plus » : avec l’éloge de la lenteur de « The Tourist », Radiohead passerait presque pour un tenant de la décroissance dans une Angleterre superficielle... Au fond, la technologie n’est qu’une prolongation du capitalisme, cible jamais nommée de l’album, produisant le consumérisme et l’isolement social. Les « voix de poulet mort-né » évoquées dans « Paranoid Android » pourraient être celles des publicités qui poussent les citoyens à n’être que des consommateurs, formatés par l’ « économie vaudou » d’ « Electioneering ».



De la résignation à la tentation héroïque : une signification ambiguë



Que faire dans un tel chaos ? La politique n’apparaît pas comme une option crédible. D’après « Electioneering », ce sont les électeurs qui sont au service des gouvernement, et non l’inverse : « I trust I can rely on your vote ». Manipulés, ceux-ci ne peuvent rien face au FMI et à des dirigeants qui considèrent les options politiques comme un marchandage. La suggestion de « renverser le gouvernement » sur « No Surprises » est d’emblée vouée à l’échec et risquerait toute façon de basculer vers l’anarchie de « Climbing Up the Walls » ou la dictature de « Karma Police ». En fait, Radiohead ne propose aucune solution. C’est à l’individu de se débrouiller pour trouver un sens à cette modernité aliénante. « Don’t get sentimental at all », chante Thom Yorke sur « Let Down » : la société enferme l’individu dans sa routine et ses conventions au point que même les émotions sont considérées comme suspectes. Le combat face à cette apathie est vital : si rien n’est fait, l’individu risque de finir « écrasé comme un moustique sur le sol » ou de subir le violent lavage de cerveau que Radiohead semble mettre en musique à la fin de « Paranoid Android ».


Se résigner mène au mieux à l’enfermement (« Fitter Happier ») au pire au suicide (« No Surpises »). Dès lors, il s’agit de transcender le malaise social et de s’évader, au-dehors du monde, tout en y restant physiquement présent. L’une des élévations les plus puissantes, dans la voix de Thom Yorke comme dans la signification, se trouve dans la phrase « One day I am going to grow wings » sur « Let Down » : s’élever permet de prendre du recul et de sortir de l’attitude du touriste pressé pour regarder les tramways s’enchaîner avec sérénité. Même chose avec l’illumination de « Subterranean Homesick Alien » qui n’est pas prise au sérieux par les amis trop terre-à-terre du narrateur. A bord de la soucoupe volante, il peut s’extraire des défaillances technologiques de la biosphère : « show me the world a I’d love to see it ». Ces élévations symboliques peuvent se traduire, plus concrètement, par la fuite des deux amants au-dehors de l’emprise du père tyrannique sur « Exit Music (for a Film) ». Cette chanson est la preuve la plus éloquente de l’importance de l’amour dans l’œuvre de Radiohead. « Sing us a song, a song to keep us warm » : bel hommage au pouvoir de la musique, au passage.


Le groupe lui-même s’inscrit dans la libération à travers les élévations aériennes de son style, les envolées lyriques de Thom Yorke, la grâce des chœurs. OK Computer est puissant parce qu’il attaque les nerfs et la cervelle de l’auditeur pour mieux tirer son âme vers le haut. Radiohead nous fait partager son expérience de façon intime et nous traite comme des alliés potentiels : « I like you. You are a wonderful person. I’m full of enthusiasm. I’m going places. I’ll be happy to help you. I am an important person. Would you like to come home with me ? ». Encore un message de libération, écrit sur une tranche cachée du boîtier CD ! OK Computer permet donc une désaliénation de la Britpop et de ses conventions, mais aussi des sujets qu’il expose, par emprise et catharsis. Le nœud qui maintient son unité de sens est un conflit entre d’une part l’aliénation et la monotonie de la vie contemporaine, d’autre part la libération. Celle-ci va plus loin qu’une contemplation stoïque puisque, dès le premier morceau, Radiohead évoque une prodigieuse capacité à transformer le monde : « I am back to save the universe ». Même chose sur « Lucky » avec « it’s gonna be a glorious day » puis « I’m your superhero », phrase mise en valeur par le tempérament glorieux de la guitare électrique. Comme Tyler, comme Nietzsche, il s’agit de se considérer comme un superhéros en puissance.


Cependant, quelle part de réalité et de mégalomanie là-dedans ? Ne sommes-nous pas en pleine illusion ? Le passage de « Lucky » qui sonne de la manière la plus conclusive nous dit : « We are standing on the edge ». Les chansons de libération finissent souvent mal : l’insecte reste écrasé à la fin de « Let Down », les amants meurent sur « Exit Music »... Difficile de conclure que c’est la libération qui l’emporte, à moins de se fier à certains finals joyeux comme le dernier accord de « Karma Police » ou les jolis scintillements de « Let Down ». Et puis, sur OK Computer, certaines phrases sont en réalité des antiphrases et doivent être interprétées après avoir inversé les pronoms. De l’aveu de Thom Yorke, c’est le cas pour « with your opinions which are of no consequence at all » sur « Paranoid Android » où il faut remplacer le « tu » par un « je ». Ne serait-ce pas aussi le cas sur « Lucky » pour « The head of state has called for me by name but I don’t I time for him » ? Le sens aveuglé ne serait-il pas, une nouvelle fois, que les gouvernements sont impuissants à résoudre les problèmes de la société et que les individus se retrouvent seuls à gérer leurs espoirs et leurs désillusions ?



En guise de conclusion



Le public aurait pu penser que le groupe allait poursuivre dans cette veine et livrer un troisième chef d’œuvre de rock alternatif... main non ! Rappelez-vous, on parle de Radiohead, un groupe qui se réinvente sans cesse et réinvente la musique par la même conclusion. L’album suivant, Kid A, est certes un chef d’œuvre mais il a plus sa place au rayon électro qu’au rayon rock... C’est un virage à 360° qui voit le groupe élargir encore ses influences et repousser toujours plus sa zone de confort. La plus belle chanson de Kid A, « How to Disappear Completely », aurait peut-être eu sa place sur OK Computer, mais le reste surprend beaucoup le public qui ne s’attendait pas à une musique si aride où les ondes et les boîtes à rythmes prennent souvent la place des guitares.


Aujourd’hui, Radiohead en est à neuf albums studio : le petit dernier A Moon Shaped Pool est sorti en mai 2016. Les membres du groupe ont vieilli, gagné en maturité, diversifié leurs projets respectifs... OK Computer reste leur album le plus fort à ce jour, même si la concurrence est sérieuse avec The Bends, Kid A, Amnesiac et In Rainbows. Il s’inscrit dans une époque maintenant révolue pour le groupe et pour l’Humanité. Mais c’est un chef d’œuvre intemporel, conservé au frais par sa grâce, préservé d’un vieillissement précoce par son ambiance stratosphérique, et toujours captivant ne serait-ce que par le mystère qui l’habite. Chaque nouvelle écoute de cet album me révèle un détail que je n’avais pas repéré : une ligne de basse, un effet de guitare, un changement de rythme... Et je me dis à chaque fois que c’est ce détail et mille autres qui rendent cet album si parfait.

Kantien_Mackenzie
10

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le 20 juin 2017

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