L'un des albums les plus décriés de Miles Davis, en pleine fusion world, absolument incompris à sa sortie par les critiques jazz. On the Corner est un album soundtrack de la street, groovant à pleine puissance par son motif de basse répétitif, obsédant, dangereux. Les giclées de la guitare électriques éclaboussent cette partition blaxploitation pour jeune public qui se retrouve davantage dans la famille Stone ou le funk électrique de Funkadelic plutôt que dans son jazz pour adultes.
Truffé de trouvailles sonores et d'inspirations indiennes voire psychédéliques mieux digérées que sur Electric Mud (Muddy Waters, 1968) dont l'honnêteté fut sacrifiée sur l'autel du commercial rance, On the Corner est une jolie démonstration de ce qu'un artiste est capable de réaliser quitte à se fourvoyer (on pardonnera l'anarchie du stéréo sur Black Satin) dans un accès de colère psyché, jazzy, funky aux confins de sonorités hip-hop.