Mon histoire avec Once More 'Round The Sun est plutôt singulière. Et avec Mastodon en général d’ailleurs. Petit historique perso :
Je découvre le groupe avec Leviathan à la fin des années 2000, je trouve ça sympa sans plus, ça ne me marque pas. Je ne cherche donc pas à développer (alors que Blood Mountain et Crack The Skye étaient déjà sortis, vraiment, j’ai pas eu le nez creux sur ce coup).
Arrive The Hunter. Un pote à moi est un grand fan du groupe et me saoule très régulièrement avec cet album. A tel point qu’on a même été amenés à reprendre Curl Of The Burl en répète (lui était guitariste, moi bassiste), et dans mes souvenirs ça n’avait pas été très concluant, ni marquant.
Encore raté, visiblement.
Arrive donc Once More 'Round The Sun en 2014. Par curiosité je l’achète, puis je l’écoute. Je trouve ça sympa mais ça ne me transcende pas spécialement.
Non, parce que mon rendez-vous, - mon coup de foudre - avec Mastodon arrivera plus tard, avec Emperor Of Sand en 2017 où c’est une véritable révélation, je me découvre subitement une passion absolue pour ce groupe (sans pouvoir l’expliquer rationnellement) alors que cet album, bien que très bon, n’a rien de plus ou de moins que les autres si je fais une analyse à froid, mais bon … Il y a manifestement des choses qu’on n’explique pas.
Me rendant compte de ça, je dévore - presque de façon dé-chronologique - leur discographie tout en essayant de comprendre pourquoi ça n’avait pas marché jusque-là.
Et, c’est inévitable, je me suis donc réécouté Once More ‘Round The Sun avec cette nouvelle approche, avec excitation … et défi.
Et j’ai adoré, tout simplement. Objectivement parlant c’est peut-être l’album le plus équilibré que j’ai pu écouté d’eux, et le plus varié.
On trouve ici tout ce que fait Mastodon depuis le début de sa carrière dans cet album, mais où tout est parfaitement exécuté, inspiré, maîtrisé : du Heavy, du Psychédélisme (très marqué ne serait-ce que visuellement d’ailleurs, cette pochette bordel!), du Prog, du Stoner, du Desert Rock, encore quelques bribes de Sludge ci et ça (mais qui restent cependant assez sporadiques, on n’est plus sur Remission là, vous l’aurez compris).
Des morceaux incroyablement efficaces, une production puissante et équilibrée, une grande variété de situations et d’émotions, un enchaînement de morceaux très inspirés.
Le chant est majoritairement dominé par Troy Sanders et Brann Dailor (Brent Hinds plus en retrait sur ce plan), toujours en se renvoyant la balle, « tu fais ci, hop ça change de riff je fais ça » qui fait en sorte que le morceau est toujours en mouvement, où ça ne stagne jamais, un réflexe de composition typique du Mastodon post-2011.
Et en terme d’efficacité, des morceaux marquants il y en a tellement … The Motherload (on serait pas sur le meilleur morceau de Mastodon chanté par Brann Dailor ici?), la chanson titre et son approche psyché-punk étonnante, Aunt Lisa et ses riffs intriqués qui se concluent sur un chœur assez peu-orthodoxe (je dis ça parce que pendant longtemps j’ai cru que c’était des gamins qui chantaient, alors qu’en fait, non).
On peut citer aussi Ember City bien sûr, possiblement le morceau le plus marquant de l’album, bourré d’harmonies et un refrain iconique, une nouvelle fois chanté par Brann Dailor ; et Halloween, un des rares morceaux chantés par Brent Hinds ici, qui apporte une vibe incroyablement chatoyante et positive.
On notera aussi la présence de quelques morceaux plus développés, aux ambiances plus énigmatiques comme Chimes At Midnight ou Asleep In The Deep. (coucou les claviers de Isaiah Owens).
Et en conclusion de l'album, on a peut-être à faire là au morceau le plus singulier de la discographie récente du groupe : Diamonds In The Witch House, morceau dans lequel Scott Kelly de Neurosis apparaît en invité, et, dans lequel on le sent particulièrement impliqué.
Car l’ambiance y est particulièrement oppressante, poisseuse et dérangeante. Presque comme un morceau de Neurosis en fin de compte (pas aussi minimaliste mais dans l’esprit je trouve qu’on y est).
Une collaboration incroyable, la meilleure qu’ils aient fait à ce jour avec lui. Les dernières minutes du morceau sont exceptionnelles. (« Demand A Sacrifice … A Sacrifiiiiice ! » répété deux fois. Puissant, vraiment, ça me fout la chair de poule à chaque fois).
Pour conclure cette chronique, je dirais que, même si on reste assez éloigné du Mastodon des débuts (on sent clairement que le côté Heavy a pris l’ascendant là, tout comme déjà largement assumé sur The Hunter), on à là à faire à un album – presque inattaquable j’ai envie de dire - tant il est inspiré et équilibré. C’est un plaisir absolu à l'écouter et je trouve que cet album est globalement mésestimé, il a pourtant tout pour devenir un classique.
En tout cas pour ma part, possiblement le meilleur album depuis le virage heavy amorcé quelques années plus tôt.