EDIT : l'annonce du suicide de Chester Bennington vient de tomber, je suis pour l'instant dans le déni le plus total, pas lui, pas comme ça quoi. D'un point de vue artistique si cela vient à être confirmer c'est une immense perte pour la musique, et une encore plus grande pour le rock. Putain, et dire que t'as fini sur un album comme ça... Pas les mots.
Beaucoup de choses ont été dites et seront dites sur cet album de Linkin Park. Certains soutiendront qu’il est le résultat, l’aboutissement d’une évolution musicale, d’autres argueront du fait que le groupe s’est perdu en route, entre pérégrinations pop et sonorités électroniques toujours plus prononcées. La seule certitude où tout le monde trouvera son compte est celle que le Linkin Park de 2017 n’est plus celui des années 2000. N’en déplaise aux fans hardcore de Hybrid Theory et de son successeur Meteora, ce One More Light tranche définitivement avec le son brut nu-metal des débuts, et propose un album résolument pop, contemporain, moderne.
Alors voilà, Linkin Park a toujours su se renouveler. Tout a commencé avec Minutes To Midnight, et un glissement vers le pop-rock, en abandonnant progressivement les passages rappés nerveusement et les grosses guitares saturées au profit de mélodies plus polissées et indéniablement plus mainstream. Ce dernier mot n’est pas forcément une insulte ou un terme péjoratif, mais plus une direction empruntée par les membres du groupe. L’évolution s’était poursuivie, avec comme résultat des albums de moins en moins intéressants à écouter, sans innovation majeure et sans véritables chansons phares mis à part les titres passés non stop en radio.
Et puis, comme une éclaircie parmi les nuages, était arrivé The Hunting Party. L’album le plus WTF de Linkin Park, avec un retour aux sources étonnant et des sons encore plus bruts de décoffrages que leurs premiers albums. Cet opus se plaçait alors en OVNI dans leur discographie, mais offraient de belles perspectives d’avenir. Malheureusement, One More Light vient annihiler tout espoir de retrouver ce qui faisait la grandeur de Linkin Park. Foncièrement, ce n’est pas un « mauvais » album pour ceux qui souhaitent écouter de la pop-rock de supermarché, avec des chansons qui se ressemblent toutes, et d’une platitude assez intrigante. On peut même retrouver des sonorités urbaines actuelles, comme avec Good Goodbye qui est typiquement le son sur lequel les jeunes peuvent s’ambiancer aujourd’hui (mon dieu, quand je m’entends parler on dirait que j’ai 45 ans, c’est terrible). Mike Shinoda refait le MC au micro, tandis que Chester Bennington a abandonné sa puissance vocale, véritable signature auditive, pour ne garder que des trémolos dans la voix et chercher à faire vibrer la corde sensible des auditeurs. Ça ne fonctionne pas, try again.
In the end (cette private joke c’est pour moi), One More Light est un album chill, qu’on peut écouter et apprécier sans se prendre la tête. C'est plat mais ça flatte l'oreille, c'est moderne mais oubliable. Mais lorsqu’on comprend que c’est un album de Linkin Park, on ne peut que être attristé par la direction artistique prise par le groupe. Ecoutez Invisible ou encore Sharp Edges et dites moi que c’est le même groupe que Papercut ou One Step Closer… Conseil pour tous les fans de Linkin Park : si vous souhaitez savoir à quoi le nouvel album du groupe américain devrait ressembler, allez voir du côté de That’s The Spirit de Bring Me The Horizon, vous serez moins déçus.