On le sait, Linkin Park aime changer les styles d'un coup. Rappelons nous de Minutes to Midnight qui avait marqué un virage particulièrement pop sans pour autant perdre l'aspect rock, après le résolument néo-metal Meteora.
Cela fait maintenant quelques albums que les américains ont renoncé au son urbain de leurs débuts, mais pour autant, jamais ils n'avaient ainsi abandonné le rock. One More Light apparaît clairement comme le renoncement à tout ce que Linkin Park avait chéri jusque là, même avec parcimonie : la guitare, la batterie, la basse, même les échanges vocaux, tout a disparu.
J'ai tendance à penser que l'habitude de Linkin Park a changer de style et à refuser tout retour au source les rend mal aimés de leur public, qui en grande partie vit encore au début des années 2000. Ainsi, pour ma part, je trouve que Minutes to Midnight a très bien vieilli (malgré un mauvais timing lors de sa sortie, le changement ayant été brutal), de même si Living Things est loin d'être parfait, plusieurs bonnes idées étaient inclues dedans.
Pour autant, si cet album se fait pourrir ce n'est pas pour rien. Et il n'est pas question de fanboyisme nostalgique. Certains proposent de laisser à cet album sa chance. Pour moi cela n'est pas possible : il lorgne beaucoup vers le plagiat de la pop-électro que l'on entend partout depuis quelques années maintenant (facilement 3 ans). Linkin Park a conscience que ce type musical est devenu très populaire auprès du grand public et non pas simplement auprès d'une certaine jeunesse, ils réalisent ainsi un album tourné pour la radio, chaque musique étant une piste possible pour la radio. Nous n'avons donc aucune originalité dans la composition mais un ersatz de ce qui se fait depuis déjà quelques temps.
Plus grave, nous avons un manque d'âme : difficile de voir où sont les musiciens tant tout semble avoir été composé par un seul DJ du début à la fin. Où est la vie musicale ? On le sait, Linkin Park a du mal, en terme de son, à rendre la musique vivante et au fur et à mesure de leur musique, ils ont perdu de plus en plus de chaleur et de vie. Mais ici, c'est vraiment audible à souhait. Ceux qui sont habitués aux mixages radios ennuyeux et sans chaleur ne s'en rendront peut être pas compte, mais pour beaucoup, c'est sinistre.
La batterie est souvent sans saveur et sans originalité par le son (reconnaissons parfois quelques rares bonnes idées) mais globalement elle est à l'image de l'album : où sont les instruments ? Pas juste 3 claviers midis quoi ! Chester assure le stricte minimum et semble lui-même se faire chier, il offre avec cet album, surement la pire prestation de sa vie.
Un album de remplissage vaguement pour meubler une soirée triste et sans saveur ? Oui, c'est certainement tout ce que cet album peut proposer dans l'absolu. Je suis certains que quelques rares personnes trouveront dans ce disque de quoi les occuper quelques temps. Pour ma part ; à part Talking to Myself, qui est une des rares à me plaire justement pour sa vie retrouvée et son énergie par passage, mais il faut nuancer : on est moins exigeant vu le contexte ; ce disque restera mort-né.
A voir si Linkin Park va assurer une véritable tournée mettant en avant ce disque ou tentera de minimiser le désastre sous les anciens titres.
PS : Je pense que la mise en ligne dès le jour de la sortie de l'album n'est pas anodin, plusieurs personnes ont été satisfaites de cette vitesse et ont ainsi eu un a priori positif, permettant de vaguement sauver l'album.