4 mai 2017
Ayant découvert cet album en écoutant chronologiquement la discographie de Frank Zappa ... je n'ai pu m'empêcher d'envoyer mes impressions en direct à Epitaph, membre sur SC, grand amateur de sa musique et de cet album en particulier ... voici donc en différé pour vous ce que je lui ai communiqué :
Inca Roads : ça commence fort tout de suite comme souvent sur les albums de Zappa, cool, la voix est merveilleuse, c'est qui le chanteur au début? George Duke? Quel beau solo de guitare, les percus et les claviers et quel final !
Can't afford no shoes : à peine ingurgité, on poursuit sur les chapeaux de roues, quel son !
Sofa no. 1 : histoire de se calmer un peu ... j'adore la manière qu'à Ruth Underwood de jouer sur le marimba ... le thème est superbe, imposant
Po-jama people : aie! quelle transition à la guitare ! feeling good avec cette voix soyeuse ... faudrait que je traduise les paroles ... oi oi oi ! et niya niya niya niyan !
Florentine Pogen : quel synthé! Finalement, l'impression que cet album est le mieux construit de ceux que j'ai entendu jusqu'à présent, une unité s'en dégage et une qualité des compositions unique en soi, tout y est fluide, clair ... on entends bien distinctement chaque instrument, jusqu'au moindre choriste ... un régal !
Evelyn, a modified dog : l'harmonica du Captain !
San Ber'dino : plus classique, j'accroche un peu moins, je pense que ce morceau fonctionne mieux au bout de plusieurs écoutes
Andy : excellent le débit de paroles, la transition bluesy pour se transformer en soul, un florilège, morceau typiquement zappaiste tel que je les aime, on ne sait pas ce que la mesure suivante nous réserve ... on va de surprise en surprise ... et cette voix Soul au milieu de tout cela ... excellent !
Sofa no. 2 : hilarant et je n'ai pas encore traduit les paroles !
Je ne peux donc que vous conseiller d'aller faire un tour du côté de cet album ...
16 septembre 2021
L'année 1974 est une année magique pour Frank Zappa, non seulement il sort l'album "Apostrophe (')", qui sera son plus grand succès aux Etats-Unis, mais il produit également le double-album en public "Roxy & Elsewhere", entouré d'un des meilleurs groupes qui l'ait jamais accompagné, avec lequel il rentrera en studio pour enregistrer ce qui sera un de ses meilleurs disques, artistiquement parlant. Le groupe des Mothers, soudé et cohérent propose une musique complexe et sophistiquée. Chaque piste montrant clairement qu'il s'agit d'un effort de groupe. On y entendra de nombreuses blagues, beaucoup d'interventions vocales, qu'elles soient principales ou d'accompagnement et tous les solos de guitare que FZ proposera sur ce disque seront de premier ordre, les sons de distorsion qu'il nous offre étant eux aussi excellents. Musicalement on est à un croisement entre fusion, prog symphonique, pop maladroite, soul idiote et jazz-rock funky flamboyant.
"Inca Roads" est un morceau complexe, aux nombreux changements de tempo, qui mets en avant le jeu éclatant au marimba de Ruth Underwood et la voix de fausset R'n'B de George Duke, tandis que FZ nous joue un solo de guitare fantastique ... solo qu'il a extrait d'un concert à Helsinki, mettant ainsi en oeuvre le concept de xénochronie (qui consiste à placer un morceau de musique dans un autre contexte musical). Parodiant la spiritualité de nombreux albums de rock progressif de l'époque, les paroles deviennent de plus en plus stupides au fur et à mesure que la chanson avance. La transition immédiate avec le morceau suivant "Can't Afford no Shoes" est intéressante, mais bien qu'il a un groove rock cool, il s'oublie facilement. Tandis que "Sofa n°1", le seul instrumental de l'album contient un superbe motif au piano, raffiné, dans la plus pure tradition du rock progressif. La face A se termine sur "Pojama People", morceau hilarant, qui se moque bien sûr des gens portant un pyjama, et nous propose une jam funky torride, avec en première partie le piano électrique swingant de George Duke avant que FZ nous balance un de ses solos les plus brillants à la guitare.
La face B du disque commence par un "Florentine Pogen" se concentrant essentiellement sur la voix de Napoleon Brock et les maillets de Ruth, nous montre aussi l'utilisation audacieuse de FZ à la guitare saturée. Le court morceau "Evelyn, A modified Dog" n'apportant pas grand chose à l'ensemble, on passe vite au morceau suivant "San Ber'dino", qui, lui, nous présente Captain Beefheart à l'harmonica et Johnny "Guitar" Watson au chant pour un blues boogie rock humoristique, typique des années 70 et de FZ. Le morceau suivant "Andy" est un morceau toujours aussi bluesy, mais surpuissant et énergique, où Johnny "Guitar" Watson au chant, Ruth Underwood aux percussions, Duke au piano et FZ aux guitares flamboyantes s'amusent en nous offrant un morceau des plus progressif avec ces syncopes étranges, ces changements de tempos et ces parties instrumentales complexes. L'album se terminant sur "Sofa n°2" reprenant la mélodie instrumentale augmentée de paroles en allemand hilarantes.
Finalement, cet album, tout en étant loin d'être son plus commercial, peut-être considéré comme une bonne porte d'entrée à l'univers de Frank Zappa. Il contient en effet des mélodies chavirantes, de luxueuses harmoniques et un humour rare.