Si tu pouvais lire mes pensées, tu n'aimerais pas ce que tu y trouverais

En grande forme lors du Hellfest et ces dernières années de façon plus générale, le groupe sort une nouvelle galette avec un postulat de base simple dans la promo : ces gars font du rock et ne feront pas comme tout un tas d'autres groupes avant eux à partir dans un style pop ou électro. Il fallait donc espérer que le titre de l'album ne décrive pas trop littéralement son contenu, et que la pochette peu réjouissante cache un disque bien plus intéressant.

L'album démarre avec Turning Away. Dès le début du premier couplet, l'ambiance est très particulière, assez triste. On se demanderait presque si c'est du Sum 41. Heureusement, le refrain est là pour nous confirmer que c'est le bon album, composé des meilleures lignes mélodiques des refrains de l'album précédent. C'est un peu caricatural, mais ça marche. Parce que bon, dans le milieu on a tendance à se moquer de Green Day qui fait pas mal de recyclage de ses propres morceaux, mais Sum 41 sont très forts aussi à ce jeu-là. Et justement, comme je le craignais un peu (mais c'est fait de manière différente) : cet album est très proche de son prédécesseur sur certains points. C'est donc pour cette raison que cette review sera peuplée de références à des titres de 13 Voices.

Out for Blood, le seul single que j'avais écouté en entier avant la sortie de l'album, arrive ensuite. Le tout est efficace (ce riff sorti tout droit des enfers, simple mais torturé, fait bien plaisir), mais je trouve le refrain moins fédérateur qu'un Fake My Own Death par exemple.

The New Sensation est très groovy, et c'est à peu près tout ce que j'en retiens.

A Death in the Family est un choix de single que je trouve plutôt efficace. C'est rapide, mélodique et vraiment représentatif de l'image qu'on peut se faire du groupe depuis quelques années.

Heads Will Roll est de son côté un morceau à part dans la discographie du groupe de part ses sonorités, mais qui se termine quand même sur le fade out le plus triste de l'histoire de la musique (j'exagère bien sûr). Un album de 36 minutes et un fade out sur un solo de guitare ? Qui a pu autoriser ça ?

Avec 45 (A matter of Time), là on est vraiment dans le metal pur. Ça bouge bien, mais ça ne décolle que lors des refrains je trouve, et pas très haut.

Et puis, il fallait bien une ballade : Never There a touché mon p'tit coeur. C'est très joli, tout en douceur et bien géré, même si je trouve la voix de Deryck Whibley un peu étrange... Je ne sais pas du tout à quoi c'est dû.

Eat You Alive : un titre plutôt ennuyeux à mon grand regret. La guitare sauve le morceau. J'ai vraiment la sensation que c'est le There will be blood en moins bien de cet album.

The People Vs..., c'est le retour du titre très rapide, court et punk qui était présent dans tous les albums du groupe jusqu'à Underclass Hero, mais avec une pointe affirmée de Heavy Metal qu'on doit sûrement au guitariste. A sa manière, Goddamn I'm Dead Again en était un aussi dans 13 Voices, mais un peu trop structuré pour avoir cet honneur-là. Le refrain est entêtant et c'est un très bon titre.

Catching Fire, c'est le genre de morceau qui m'a dans la poche dès les couplets. Ça sonne comme une musique de bande-annonce pour un film pour ados avec une romance au milieu, c'est hyper cringe dit comme ça mais ce n'est pas péjoratif. Y'a même des oh oh oh à la fin. Alors oui, Twisted by Design est pour moi une sortie beaucoup plus puissante, mais l'émotion reste là avec Catching Fire. C'est clairement l'un des morceaux qui ont le plus fait mouche à l'écoute de cet album pour moi.

Le bilan est donc plutôt positif : l'album est court mais de qualité. Cependant, les références au disque précédent dans sa construction me semblent assez évidentes, et les titres sont globalement moins efficaces.

La production est toujours impeccable et les paroles très similaires à l'opus précédent, le groupe est assurément en forme. Je pense que c'est typiquement le genre d'albums qui n'est pas excellent mais prend de l'importance au fil des écoutes.

Autre édition :

Order in Decline - Deluxe Edition (2019)

Le groupe est un peu moins généreux que sur l'album précédent avec cette fois uniquement des versions acoustiques. C'est toujours joli mais c'est moins marquant que de purs titres inédits à l'instar de ceux inclus dans l'édition Deluxe de 13 Voices.