Avec Ordinary Corrupt Human Love, je me rend compte a quel point il peut être difficile de vraiment décrire son attachement à une oeuvre. Un simple objet, ici musical, pourtant si difficile a cerner tant l'interprétation que l'on peut en faire est libre a chacun. Bien sûr, cette loi de l'attachement personnel et des sentiments intimes qu'ils produisent est universel dans ce domaine si particulier qu'est la musique. Mais avec OCHL (j'abrège, ne m'en veuillez pas), ce sentiment est encore plus fort, plus libéré chez moi. Encore une fois, c'est personnel. C'est difficile a expliquer sans tomber dans les clichés un peu ridicules mais cet album est pour moi un genre de Nirvana musical (et je ne parle pas du groupe de Kurt Cobain hein). Je n'irai pas jusqu'à dire que l'état de transe est atteint quand je l'écoute, ce serait un petit peu abusé. Mais il est de ces albums/morceaux que lorsqu'on les lance, on oublie tout le reste. Plus de problèmes, d'angoisse, de frustration, de colère et de tristesse bien que ce dernier sentiment puisse parfois sortir le bout de son nez sur certains morceaux... Je pense par exemple a "Near".


En fait, cet album est vraiment étrange. Emprunt de mélancolie tout le long, comme le groupe sait faire depuis ses débuts, il est pourtant entouré d'une aura d'une certaine forme de réconfort. Les paroles sont totalement libres d'interprétation. Jetez un oeil aux lyrics pour les plus curieux... Deafheaven fait ici du Deafheaven, et je pense que ce devrait être un genre a lui tout seul tant les influences et le mélange des genres sont présents. Certains morceaux rappellent les origines du groupe : "Honeycomb" ; "Canary Yellow" ; "Worthless Animal"... Comme un genre de "Sunbather" bis (leur deuxième album) qui se démarquent pourtant des pistes présentes sur l'album tout en rose par des passages encore plus mélodieux. La fin de Canary Yellow est l'exemple typique : le morceau long de douze minutes commence comme une ballade, enchaîne sur une instru et un chant violent et termine sur une fin chantée en clair absolument magnifique. Le même schéma est a observer pour le morceau "Honeycomb" a la différence que celui-ci décolle directement sur un son lourd et puissant.


La grande nouveauté de cet album est sans aucun doute l'incorporation de morceaux étonnamment calmes lors des premières écoutes pour les habitués du genre (et même du groupe). Ils se différencient aisément des interludes présentes sur Sunbather. On a ici de véritables morceaux proposant quelque chose de totalement unique. Le morceau d'ouverture You Without End avec son piano, sa voix féminine, son chant qui dénote totalement... Ma plus grande surprise est le morceau "Near", probablement l'un de mes favoris sur cet album. Les mêmes paroles tout le long, une guitare mélancolique a souhait et un chanteur qui montre ses talents en chant clair. C'est une véritable merveille et je ne me cache pas d'insister là dessus.
Dans le même genre, le duo avec la talentueuse et belle Chelsea Wolfe saura mettre en déroute. S'il s'agit de la piste que j'aime le moins sur l'album, "Night People" reste absolument unique en son genre et saura vous déstabiliser. La voix et l'univers de Chelsea Wolfe sont parfaitement cohérents et apportent un plus non négligeable a l'album.


Je pense qu'avec cet album, Deafheaven a réussi a faire ce qu'il voulait vraiment faire. Montrer l'étendue de ses talents de composition, de création d'atmosphère, d'ambiance et le talent incroyable de ses musiciens. Chaque note de guitare, de basse, de batterie, de piano, résonnent et possèdent un putain d'impact.
Il ne faut plus désormais voir Deafheaven comme un groupe de black metal. De toute façon, ils ne l'ont jamais vraiment été. Il faut voir ce groupe comme une experience unique. Lancez Ordinary Corrupt Human Love en ouvrant grand vos esprits, en refoulant vos attentes, en essayant d'outre passer vos préjugés sur la voix particulière typique des groupes de black metal si vous n'aimez pas ça. Posez-vous dans votre chambre, dans un parc, dans n'importe quel endroit calme, avec vos écouteurs et lancez l'album d'une traite. Vous verrez comme le temps passe vite quand on oublie tout ce qui nous entoure.

CharlieLeChat
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le 29 août 2018

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