Original Karma par trevorReznik
Quand Silmarils sort son premier album "Victime de la croix" et s'impose dans le paysage musical français par son premier single (Cours vite), il synthétise une fusion des genres typiques des années 90 (pour simplifier, on va dire que Rage Against The Machine est passé par là et à un peu foutu un coup de pied entre les frontières du hip-hop et du métal). Le groupe écume alors les scènes et devient un véritable rouleau-compresseur capable d'enfiler des titres aussi furieux que groovy (et pour les avoir vus sur scène, je peux confirmer que ça envoyait sévère).
Attendu au tournant pour le deuxième album, Silmarils enfonce le clou et nous pond un deuxième album dans la droite lignée du précédent… Mais en mieux ! La production y est pour beaucoup et est peut être en grande partie responsable de cette amélioration (une écoute au casque, encore aujourd'hui, donne l'impression que chaque sample, chaque riff, chaque arrangement, chaque cri semble avoir été pesé), mais je pense que c'est surtout l'expérience de la scène qui a joué.
Bizarrement, c'est un peu honteux d'avouer aujourd'hui qu'on a pu apprécier ce groupe : peut-être à cause de cette image de branleurs un peu trop fiers que les membres du groupe affichaient, peut-être à cause des thèmes engagés et critiques assez "faciles" qui sont taillés pour plaire à un public jeune… Et pourtant, même si c'est difficile de nier ces deux points, il faudrait être de mauvaise fois pour ne pas reconnaître à David Salsedo une véritable plume et une facilité à pondre des formules dont pourraient s'inspirer énormément de paroliers français (que ça soit dans le rap, dans le rock, dans la chanson…) : c'est très bien écrit, très affuté, souvent drôle, et à aucun moment on a l'impression que ça aurait mieux sonné en anglais.
Avec le recul, si on compare les deux premiers albums, on remarque aussi que les samples et les cuivres se taillent une part assez importante cette fois-ci et laissent entrevoir des envies d'évolution que Silmarils assumera pleinement sur leur prochain méfait, le mésestimé Vegas 76