« Sorti de nulle part », l'expression tombe sous le sens à l'écoute de ce chef d'oeuvre composé en seulement sept jours, par cet amoureux du mot blue, en 1977... Unique en son genre, Out of the blue déborde de folie et de créativité, puisant racine à la fois dans le blues, le classique et le rock. Avec une grande variété d'instruments, d'arrangements, de détails et d'effets, cette oeuvre épate par son extraordinaire foisonnement tout en restant cohérente. Plus qu'un simple accompagnement orchestral, le travail remarquable de Louis Clark rend chaque thème indissociable du reste, à la manière d'une véritable symphonie. Enjôleur et enchanteur, le style de Jeff Lynne est immédiatement identifiable. A l'image de son timbre de voix si particulier, capable d'exceller dans toutes les configurations mélodiques et techniques : choeurs, tête, brute, doublée, saturée... Egalement réputé pour son goût du studio, où il y consacrait une grande part du processus créatif, il s'est parfois vu reprendre certains titres à zéro (Sweet Talkin' Woman), ou en écrire de nouveaux en un temps record (Don't Bring Me Down). Naturellement prédisposé à imaginer la musique en termes d'harmonies, selon les dires du groupe, son écriture se révèle pleine d'audace, en témoignent les quelques exemples suivants. Across the border où au beau milieu du refrain trône un emprunt à la tonalité du couplet, comme un train au bord du déraillement. Starlight, dans son emploi d'accords dissonants vient y faire résonner le mystère d'un ciel étoilé. Le lien chromatique de Steppin' Out, alors que s'enchaînent deux accords strictement identiques, ainsi que sa progression harmonique très agile relatant l'ascension d'un homme. Big Wheels, dont la tranquillité s'accélère à la manière d'une roue qui gagne progressivement en inertie. Out of the blue se distingue donc par son écriture talentueuse, expressive et efficace, sans jamais quitter une forme d'insouciance libérée, propre à quelqu'un qui voit la vie en bleu.