Övergivenheten
6.9
Övergivenheten

Album de Soilwork (2022)

Voici donc Övergivenheten, le douzième album de SOILWORK. Cela commence à faire pas mal de temps que le groupe de Björn Strid roule sa bosse dans le macrocosme du Metal. Du statut de second couteau du Melodeath, le groupe est aujourd'hui passé à celui de tête de gondole.


La raison ? Un sans-fautes artistique depuis 2013 et leur double album The Living Infinite qui, s'il pouvait paraître un peu bourratif, ne manquait pas de moments de gloire. Compositions bien plus travaillées, belles envolées mélodiques, structures qui lorgnent parfois sur du progressif… Oui, un SOILWORK nouveau était né. Et en cette année 2022, il accouche donc d'Övergivenheten qui n'aura jamais aussi bien porté son nom.


Bon, avec mes 3-4 cours de suédois sur Babbel (et il faudrait que je m'y remette bon sang...), je suis en mesure de vous traduire ce joli sobriquet. Övergivenheten signifie "Abandon" dans la langue d'Henrik Larsson (je salue mes amis footeux pour la ref). Et depuis septembre 2022, c'est David Andersson, guitariste de SOILWORK depuis 2013, qui nous abandonne tous puisqu'il décède tragiquement sans que le groupe en ait clairement précisé la cause.


Voilà donc l'occasion de mettre en lumière son énorme travail. Guitariste émérite du groupe qui nous intéresse ici, mais également du "side-project qui n'en est plus vraiment un" : THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA.


Pourquoi cette précision ? Et bien car la musique hard-rock 70's / 80's de TNFO (ça va plus vite) déteint fortement sur celle de SOILWORK. C'était déjà la tendance sur Verkligheten, précédent effort des suédois. Övergivenheten n'en est que la confirmation. Mais ce qui me plaît toujours chez ce groupe, c'est cette capacité à nous rappeler qu'ils font bien du Death Mélodique.


Et cela s'entend dès les premières notes avec le morceau-titre introduisant l'album. Qui est aussi le meilleur titre de la galette soi dit en passant. Une composition magistrale pour introduire un album, avec cette introduction acoustique, doublée par... un banjo et une explosion rythmique suivi du cri de Björn Strid typique de SOILWORK. Une fois de plus, sa voix fait merveille, surtout pendant un refrain riche en émotions. Le talent vocal de "Speed" est bien au rendez-vous. On retrouve ses montées puissantes dans les aigus et son growl hargneux, deux facettes de son prisme vocal qu'il maîtrise avec brio.


Le risque, en ouvrant sur un tel morceau, c'est de ne plus retrouver la même qualité par la suite… Comprenez que, si on me sert un plat 5 étoiles en entrée, je souhaite un repas du même acabit par la suite. Alors, heureusement Övergivenheten n'est pas un mauvais album bien au contraire. Mais... Il est très long : 1 heure et 5 minutes. Et très inégal.


C'est là où le bât blesse : cet album ne contient pas suffisamment de morceaux mémorables pour en faire la claque attendue. Cet album ne nous transporte pas suffisamment sur la durée.


En ce qui me concerne, le gros de l'album s'arrête à Valleys of Gloam qui n'est pas sans rappeler le Nurturing Glance de Verkligheten. Nous sommes en terrain connu : lignes mélodiques typiquement "Soilworkiennes", chant clair soyeux et un refrain accrocheur d'aucuns qualifieraient de pop. Mais depuis quelques années, nos suédois excellent lorsqu'il s'agit de développer cette recette.


Soyons honnêtes, les compositions de SOILWORK sont toujours finement travaillées, bien plus que par le passé, et on ne passe jamais un mauvais moment en écoutant Övergivenheten. Depuis peu, le groupe a acquis une maîtrise indéniable lorsqu'il s'agit d'équilibrer moments bourrins et passages tubesques. L'album comporte son lot d'agressivité (Electric Again, Is it in Your Darkness) mais aussi ses moments plus soft rock.


C'est ici que le parallèle avec THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA refait surface. Le très surprenant Nous Sommes La Guerre, en français dans le texte (coucou Sylvain) n'a strictement rien de Death Mélo, mais est bien un titre de Heavy Rock sauce SOILWORK. Le timbre de voix de Björn étant très doux à l'oreille, ce titre passe comme une lettre à la poste. Une vraie réussite mais qui va sans doute déstabiliser ceux qui cherchaient de quoi faire un circle pit dans leur chambre.


5 titres excellents, dont 1 exceptionnel (Övergivenheten) suivi par des bonnes compos, mais peu mémorables. Difficile de s'emballer sur la durée ! Des titres de ventre mou qui se ressemblent un peu trop ? Une recette trop usée ?


C'est un mélange de tout cela. Un petit pilotage automatique en somme, mais pas de quoi s'alarmer non plus. Un catchy Harvest Spine viendra tout de même s'élever en bout de piste, un morceau qui passe très bien l'épreuve du live.


SOILWORK reste dans sa formule initiée avec Verkligheten, et n'en finit plus de marier sa musique avec celle de THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA. Un mélange déroutant, ambitieux, mais tout de même réussi. L'album est agréable et se réécoute volontiers, même s'il s'essouffle trop vite, la faute à cette durée exagérée. Reste que ce groupe propose un son bien à eux, facilement identifiable, avec des compositeurs riches en idées nouvelles.


Des compositeurs malheureusement amputés d'un de leur éléments les plus brillants. Très impliqué dans le renouveau amorcé par SOILWORK en 2013, David Andersson va laisser un grand vide au sein du combo suédois. Reste à savoir dans quelle mesure…


Note : 6,5/10 arrondi à 7 parce que ça bosse bien quand même… Et quelle belle pochette !


Créée

le 16 août 2023

Critique lue 12 fois

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