Quarante-trois ans après sa parution, Oxygène premier du nom (puisqu'il a depuis été prolongé de deux suites), n'a pas pris une ride. Signe qu'il est bel et bien un disque intemporel, dont on comprend encore aujourd'hui l'impact phénoménal qu'il a eu sur la musique électronique en particulier, et la musique de la fin du XXème siècle en général.
Que dire d'autre ? Oxygène est l'un des rares albums de Jean-Michel Jarre dans lesquels il n'y a rien à jeter. Un survol des six titres qui le composent permet de s'en assurer.
"Oxygène 1", splendide ouverture qui donne le ton d'ensemble, avec ses sons profonds, planants, ronds et chauds (coucou le Mellotron), ses envolées pleines de delay. Son absence apparente de rythme, renforcée par l'absence de ligne percussive. Sa longueur hors norme, plus proche du rock progressif que des trois minutes classiques de la pop ou de la variété.
"Oxygène 2", premier "tube" de l'album, avec sa séquence obsessionnelle que viennent contrecarrer une ligne rythmique (coucou le Minipops) et une basse carrées, puis un refrain alambiqué au son pointu qui donne le vertige, avant un final envoûtant qui tourne en boucle pour venir se perdre dans un tourbillon d'effets jusqu'à la troisième partie.
"Oxygène 3", qui surgit puis disparaît en fade d'un nuage d'effets sonores, brève rengaine sur un seul accord, étonnamment sombre. Peut-être le titre le moins fort de l'album, mais parfaitement à sa place, puisqu'il vient conclure la première partie du disque (qui correspondait en 1976 à la face A du vinyle).
"Oxygène 4", LE tube de l'album. Répétition d'un couplet et d'un refrain évolutif aussi obsédants et percutants l'un que l'autre, inoubliables. Dotés de la force pure des mélodies majeures de la musique, de celles qui traversent les époques tous genres confondus.
"Oxygène 5", le plus long de l'album (10 minutes !) et sans doute mon morceau préféré, surtout la sublime première partie, délicate, flottante, d'une émouvante simplicité, en opposition à la seconde, rapide, portée par un solo nerveux qui déploie ses arabesques sur des séquences puissantes.
Et enfin, "Oxygène 6", balade sur un faux rythme de bossa nova, qui déploie de nouvelles mélodies marquantes pour conclure en douceur l'album.
Bref, en un mot : imparable.