P-Town | “J’suis tellement loin, j’suis nostalgique du futur.”
Je l’ai attendu longtemps et je pense que je suis loin d’être le seul. Bien qu’il ait rapper quelques couplets avec l’Entourage (collectif composé entre autre de Nekfeu, de Deen Burbigo et de lui-même), ce qui nous a un peu permis de patienter, il était plus que temps que P-Town débarque dans nos oreilles.
C’est la première critique d’un album de rap que j’écris, aussi, soyez indulgents si vous en êtes capables ????
Quand un mec t’écris des trucs du genre : “J’sonne l’alarme avant qu’elle ne coule sur ta joue” ou encore “J’ai délaissé le bleu du ciel pour le blues de la nuit”, tu sais que t’as du solide devant toi. Oui c’est solide, mais t’as pas idée à quel point.
Jazzy Bazz, c’est 3 participations aux Rap Contenders et 3 Victoires. Jazzy Bazz, c’est aussi un amoureux de sa ville, un vrai, “Il a tous les syndromes de Stockholm envers Paris”. D’ailleurs, cet album, c’est une déclaration d’amour pour Paris. Bah quoi ? T’avais pas compris ? Ah, bon, tu m’rassures !
À la première écoute, j’ai été un peu déçu par le manque de prise de risque. Le style Old School lui collant à la peau, j’espérais qu’il s’en défende en nous proposant un album majoritairement moderne. Mais bon, les prods planantes et Old School sont celles qui collent le mieux au flow justement posé du rappeur.
P-Town compte 15 musiques pour une durée totale de 52 minutes. Dedans, Jazzy Bazz aborde une belle diversité de thèmes. Amour, Vision Globale, Deuil ou Ego trip prennent tour à tour leur place sur des prods allant du jazzy au Hip-Hop en passant par des samples asiatiques (Le Roseau). Presque toujours avec Paris comme paysage de fond, le rappeur reste fidèle à lui-même, oscillant entre le spleen poétique et la tristesse pure et dure.
Fort d’une plume originale et puissante qui tire notamment ses influences des mythiques IAM, NTM ou encore Passi, Jazzy Bazz crée un album plein de pertinence ; “Vision” étant selon moi un morceau extrêmement clairvoyant (haha). Finissant P-Town avec le morceau “Fluctuat Nec Mergitur”, morceau qui parle des attentats ayant eu lieu à Paris fin 2015, Jazzy Bazz nous rappelle qu’il prône la paix et l’amour avec un refrain touché par le ciel, ouais ouais, sérieusement :
“À ceux qui voguèrent sur le navire,
Battus par les flots mais ne sombrent pas.
À ceux qui voguèrent sur la navire,
On chavire, mais jamais ne s’enfoncera,
Vos Guerres, Nos Morts, Vos Guerres, No More.
À ceux qui voguèrent sur le navire,
Votre souvenir, jamais ne s’estompera.”
Avec une antonomase comme celle-là, Jazzy Bazz est d’après moi rentré dans le Panthéon des meilleurs rappeurs français.
En bref, cet album est une tuerie avec de merveilleuses collaborations, un mixage parfait (réalisé par Lionel Elsound) et des lyrics de folie. Fonce !
C’était DeuxGodillots !
Si tu veux plus de critiques vient sur lesyeux-fertiles.com. On est plusieurs à écrire sur ce blog donc c'est intéressant :)