Textes de bonne facture, instru de bonne facture et une réelle ambiance, P-Town, le premier album de Jazzy Bazz, vient compléter en ce 26 février la collections de projets longs du désormais célèbre Entourage.
En cinquante-cinq minutes et 15 morceaux, Jazzy Bazz propose une visite touristique de P-Town, une mégacity entre Paris et New-York située sur la route du 3.14, remplie de personnages au vécu un peu triste (le pote turbulent des "Chemins", la jeune fille d'Amen, ou encore le supporter de "Ultra Parisien", l'un des meilleurs morceaux (sur une instru du très efficace Myth Syzer) en compagnie de 3.14 Boogie, et Visions avec Bonnie Banane.
Pour autant, rien de vraiment surprenant musicalement parlant. Je m'attendais à des tracks un peu fou de 7 minutes, des instrus plus radicales, ou encore des égotrips fleuves à la "64 mesures de Spleen". Au lieu de ça, les 15 morceaux sont tous bouclés en 4 (raisonnables) minutes.
Alors bien sur, Jazzy Bazz n'est pas Kanye West, mais cet album, bien que plutôt réussi, me laisse un peu sur ma faim.
P-Town semble être le nouveau chapitre de ce qui ressemble de plus en plus à un "Entourage Musical Universe" inspiré du modèle des films Marvel, où chaque membre présente un travail toujours issu du même ADN (la culture Rap US / Backpackers des années 90), aromatisé à la personnalité du rappeur du moment. En 2015, Sneazzy, Nekfeu, Eff Gee, et Alpha Wann se sont succédé sans véritablement changer la donne de ce côté du rap français, et à bien y repenser, le succès de "Feu" était peut être plus lié à ses accents pops très prononcés qu'à la véritable originalité du projet.
P-Town m'est donc apparu comme une suite logique et un peu prévisible de ce processus, en perpétuant ses codes et ses aspirations; et si cette logique est parfaitement compréhensible si l'on se met à la place des membres du crew, j'ai toujours envisagé (peut être fantasmé) le rap comme un art subversif, et Jazzy Bazz ne fait ici que prêter allégeance à un modèle établi pour lui (mais aussi par lui) depuis 5 ans maintenant.
Je me console en pensant aux derniers sons de Daryl Zeuja / Jihelcee Records, et aux nouvelles sonorités présentes sur les projets d'Alpha Wann / Don Dada Records, issus de la même mouvance, mais tout de même, je me remets 3.14 Boogie parce qu'au fond, je suis assez fan de ces gars là.