On ne va pas se mentir plus longtemps, l'album de Nekfeu vaut le détour. Il vaut même carrément la peine de prendre une pause bien méritée, une grande respiration et de notifier à tous les gêneurs potentiels leur obligation de ne pas vous déranger durant l'écoute de Feu, premier album solo du très actif membre de l'Entourage, du S-Crew ET de 1995.
Parce que ceux qui connaissent le rap du garçon le savent, je ne m'attarderai pas sur l'incroyable virtuosité avec laquelle il manie la langue française, la rime et le flow en général, car en vérité tout cela devient secondaire dans l'écoute de l'album.
Ce qui importe ici, c'est l'équilibre. Les textes conscients ne sont jamais sentencieux, les textes plus légers ne sont jamais totalement là pour la rigolade. Quelque part entre Wiz Khalifa, Kid Cudi, IAM et Booba époque Temps mort, Nekfeu, à qui j'avais l'habitude de reprocher une vulgarité souvent inutile, fait ici preuve de maîtrise et délivre un album élégant.
Pourtant, le pari n'était pas gagné d'avance. Dix-huit titres (rien de moins) de quatre minutes de moyenne laissaient présager l'indigestion. Pourtant, il n'en est rien. Les tracks savamment agencés nous font voyager d'une ambiance à une autre sans aucun décrochage. Presque Miraculeux, on se prend à apprécier l'unique couplet de Sneazzy, sur "Mon âme", pourtant auteur du décevant "SUPER", paru le mois dernier.
Globalement, toutes les prods restent propres, et c'est peut être le seul point négatif d'un album qui manque peut être d'une énergie purement viscérale, et qui préfère s'adresser au cerveau de l'auditeur plutôt qu'à son instinct d'auditeur de rap. On ne s'en plaindra pas, car une chose est sûr, Nekfeu fait preuve d'audace sans ne tricher, et la sincérité de l'album me rappelle par certain côtés "Disiz the End" paru en 2009.
Mention spéciale au track caché de "Risibles amours", au feat avec Alpha Wann (toujours chaud bouillant), à la Moue des Morts avec le S-Crew, Rêve d'avoir des rêves et "Être humain" qui conclut cet album brûlant et 100% rap de façon magistrale.