Au moment de la rédaction de la critique de l'album de Nakk (par ici, si tu as déjà oublié http://tuvoisjveuxdire.blogspot.be/2016/02/nakk-darksun-2-critique.html), j'avais osé dire que ce dernier était le seul à s'en être bien sorti lors de ce fameux 26 février. J'ai réalisé mon erreur lorsque j'ai écouté l'album de Jazzy Bazz en profondeur. Au début, je trouvais le projet trop "old-school" et de ce fait, pas du tout en accord avec notre époque. Je savais les membres de "1995" friands de ce genre de délire donc me basant sur cet apriori, je n'avais pas cherché à approfondir mon écoute. De plus, si j'ai trouvé que l'album de Nekfeu était moyen alors qu'il aurait pu être une tuerie, c'est en grande partie à cause de ça. Je le répète mais le rap old school a cette dénomination parce qu'il est sensé être d'une autre époque. Vouloir en faire alors que nous sommes maintenant en 2016 n'a pour moi, clairement aucun intérêt.
Bref, revenons à ce qui t'intéresse, c'est-à-dire l'album de Jazzy Bazz. Ce que l'on ressent à l'écoute de son projet, c'est l'ambiance très froide et jazzy (heureusement qu'il ne s'appelle pas "Pop Bazz", le gars). On se croirait dans un vieux polar des années 30 tant donc au niveau sonore qu'au niveau des images qu'il tente de nous montrer. "3.14 boogie" est sans doute le meilleur exemple. Tout est mis en oeuvre pour qu'on imagine Jazzy Bazz et Esso en train de passer une soirée se déroulant dans ces années-là. Bon, si Jazzy Bazz le précise en plus au détour d'une mesure "vêtus comme des mafieux des années 30", c'est qu'on est sur le bon, je crois. Le premier morceau, "P-town", aussi est dans cette veine là. Le morceau est rempli d'images qui auraient tout aussi bien pu trouver leur place dans un film d'entre deux-guerres. Pour l'ambiance générale de l'album, c'est donc très réussi. Je me suis vraiment senti transporté du début à la fin. Chapeau!
On pourrait peut-être penser que tout un album dans la même ambiance jazzy, ça saoulera au bout d'un moment mais il n'en est rien. Arrivé au bout, la seule envie que l'on ait, c'est de le relancer. Alors oui, Jazzy Bazz n'est pas aussi technique que Nekfeu et il n'use que de très peu de variations de flow mais peu importe, là n'est pas la force de Jazzy Bazz. Il faut noter que malgré tout, le boug arrive à donner une certaine musicalité aux morceaux. Il a en effet, une voix qui se ballade avec beaucoup d'aisances sur les différentes prods ce qui est bien sur très plaisant et agréable à l'écoute.
Lyricalement, c'est également du très bon. On voit qu'il soigne son écriture. Chaque mot est choisi et posé là ou il est, minutieusement. Il n'y a pas de punchlines à proprement parler, je pense qu'il est plus judicieux de parler de "tournures de phrases". La plupart du temps, j'étais plus accroché par la poésie qui se dégage de sa plume plutôt que de rechercher la punchline. Il y a quelques années, j'avais lu lors d'une de ses interviews qu'il se définissait comme quelqu'un de fainéant, raison pour laquelle son album n'arrive que maintenant. Si le laps de temps entre "sur la route du 3.14" et cet album lui a servi à écrire et peaufiner ses textes, on peut dire que ça en valait vraiment la peine car c'est putain de beau!!!
Les meilleurs morceaux sont pour moi "visions" avec Bonnie Banane, "lay back" avec Freddie Gibs et "le roseau". Concernant le premier, c'est pour toute la poésie qui s'en dégage. L'écriture est aérienne et quelques fois légèrement abstraite. C'est vraiment beau que ce soit à la lecture ou à l'audition. Pour "lay back", c'est une fois de plus, l'ambiance qui prime. Le morceau est d'une chillitude absolue. Les deux rappeurs y content leurs errances, la nuit en voiture. Quant à "le roseau", j'aurais pu également choisir "Joker". Effectivement, ce sont deux égotrips plutôt musclés. Malgré ce fait, ils restent dans la même lignée directrice de l'album.
Résultat des courses, je n'ai rien trouvé à jeter. Vollà, en fait, un album excellent à déguster au calme, en caisse la nuit ou à pied si tu veux. Il faut juste que la condition de la nuit soir respectée histoire de te sentir vraiment happé par l'ambiance. Ferme les yeux deux secondes et tu te retrouveras sans problèmes à Gotham City. Si tu l'écoutes en journée, aussi en fait... Ecoute le, c'est tout.
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