Enfermé dehors
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le 5 mars 2017
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Si tu ne connais pas Virus, sache qu'il fait partie de ces rappeurs qui te feront réfléchir à une punchline encore 4 ans après (et je dis 4 ans parce que cela fait 4 ans qu'est sorti "le choix dans la date"). En parlant de punchlines, il est également de ceux qui arrivent à leur donner un vrai sens. Avec lui, point de blagues carambar ou de jeux de mots foireux (Seth Gueko, je t'aime bien mais voilà quoi...). Il est également adepte de l'utilisation des mots-valise (en gros, c'est la fusion de deux ou plusieurs mots) "A quoi bon s'assagir quand t'as personne avec qui folisopher?" Virus maîtrise la langue française, il là retourne dans tous les sens pour en faire ce qu'il veut et putain, ça marche vraiment. Passons maintenant à l'E.P.
Sorti le 20 novembre de cette année, cet E.P 4 titres s'écoute en 17 minutes mais il te faudra bien plus de temps que ça pour comprendre les moindres subtilités de ses textes et comme je l'ai dit plus haut, tu te surprendras à en comprendre encore par après si tu t'y replonges. Depuis le début, je suis là à vanter les mérites de sa plume et qu'en-est-il du reste alors? Virus fait-il partie de ses rappeurs chiants à écouter? Et!!! Non, il n'en fait pas partie (genre, j'allais dire autre chose...). Comme sur ses projets précédents, il arrive à captiver du début à la fin grâce à sa voix, son intonation et ses instrus (toutes signés Banane). C'est triste, déprimant et morbide mais super bon. Tout te donne envie de chier sur le monde ou de te jeter par la fenêtre. L'atmosphère est pesante et tu ne trouveras point d'endroit ou récupérer ton souffle. Il pourrait reprendre l'intégral de Chantale Goya que l'effet serait le même (et là, c'est fort).
Passons maintenant à une courte analyse de L'E.P. On suit durant ces 4 morceaux, l'évolution d'une personne allant de l'isolement à la folie. Joyeux, n'est-ce pas?
Avec le premier son "Bonne nouvelle", Virus parle, via le biais de la prison, d'un gars complètement coupé du monde extérieur. Il a beau être "libre", il est prisonnier de ses 4 murs "M'efforce de retenir mes rares visiteurs jusqu'à offrir un peu de tabac au gars qui est venu relever le compteur".
On continue la descente aux enfers avec "Marquis de Florimont". Comme dit plus haut, ce morceau traite de l'alcool "Je tiens pas l'alcool mais j'y tiens tellement, qui est perdu aime éperdument". Il tente tout de même de se réconforter en se disant que s'il évite "l'alcoologue", il ne sera pas alcoolique. On comprend que malheureusement, l'alcoolisme le suit depuis bien longtemps avec la dernière phrase du morceau "Arrêter d boire chez moi, c'est se faire rayer du livret de famille...".
Reflection eternal commence en force "que ce miroir baisse les yeux, je te jure que les miens ont déjà été bleus". On sent la folie gagner l'individu, durant tout le titre, il se parle à lui-même, se pose des questions et y répond "Ce qui est bien quand t'es vraiment tout seul... C'est que tu commences à être plusieurs".
Une fois de plus, le morceau (Self madman) commence fort "Quel accueil de merde! Rien pour accrocher ses troubles mentaux, après mon départ, vérifiez qu'il ne manque pas un marteau". L'individu est bel et bien perdu mais tente tout de même de se persuader qu'il ne l'est pas. En plein milieu du morceau, on le surprend à répéter 33 fois en boucle (quand même!) qu'il est normal. Voilà qui clôt donc magistralement l'E.P.
Je ne sais trop que dire de plus si ce n'est de te dépêcher d'aller te procurer ton exemplaire qui en plus est vendu avec son E.P précédent "Faire-part". Si tu as le cœur sensible et que tu aimes les fleurs toussa toussa, écoute-le quand même mais accroche-toi.
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Créée
le 21 déc. 2015
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