Je n'ai jamais été un auditeur fidèle de Disiz. J'ai toujours écouté ses projets (avec du retard parfois) car je lui ai toujours trouvé du talent. Un talent mis à profit. Oui, il s'agit bien de profit. Nous sommes en présence d'un homme qui a très envie de s'émanciper des règles strictes du rap.
Et ce depuis toujours, hélas, il n'arrive pas à donner la chance à un projet en entier.
Disiz peut vraiment se lâcher sur quelques morceaux mais il redevient à chaque fois raisonnable, et se remet à étudier ce qui se fait, ce qui doit se faire, ce qui est dans le vent.
Dommage qu'il hésite entre tendance (en essayant de tout piller) et liberté de ton, de style.
Sa force a toujours été de savoir se remettre au goût du jour mais cela souvent au mépris d'une certaine cohérence et même de toute intégrité artistique (voir interview medhi maïzi / disiz*).
Il fait donc dans le très inspiré... des autres au très inspiré tout court.
Quand le coeur parle, ça donne "Qu'ils ont de la chance", "Poisson Etrange", il glisse toujours quelques exercices de style comme "L.U.T.T.E.", puis la raison revient au galop, et c'est reparti on verse dans l'affreuse trap (afrotrap ?) "Menteur, menteuse" ou on invite le gars qui a le vent en poupe genre Hamza pour "Marquises" et comme il le dit lui même : on ne se fait pas de film... sur les intentions.
Si il pouvait s'affranchir du fait que ce soit son job.
De l'hommage à Alain Souchon aux titres Stromaeisés ou PNLisés, on s'y perd un peu.
Ceci dit, je garde le meilleur et il y a beaucoup de bonnes idées, certaines développées, d'autres à peine esquissées.Sur "Pacifique", Disiz amène le rap vers la pop sans que ce soit péjoratif.
Si la réussite n'est plus trop au rendez-vous, peut-être pourra -t-on espérer le voir enfin se libérer de toutes ses contraintes.