Le mystère de la vie n'est pas un problème à résoudre

CECI N'EST PAS UNE CRITIQUE MAIS UNE IMPRESSION D'APRES VISIONNAGE.


Il est enfin là, je n'en pouvais plus d'esquiver tous les papiers, tous les retours et ces incessantes bandes annonces.
Dune, l'oeuvre de Frank Herbert que j'ai repoussé à plus tard depuis que s'est dessiné mon goût pour les littératures de l'imaginaire et tout particulièrement la science-fiction. Le monde des A, le cycle d'Hypérion, le cycle de Fondation et j'en passe, et pourtant j'ai toujours sacralisé mon entame des livres de Dune.


Jeune, j'ai vu le Dune de Lynch et j'ai pris une claque tout en ayant pas tout compris. Impressionné par la cover que je voyais dans toutes les vidéothèques, éberlué par un Sting déjanté et par les capacités guerrières de Muad'Dib, je faisais le parallèle évident avec la puissance des mots qui résonnait en moi comme une révélation (my religion is rap #gurusvoice).


Je ne ferais pas de comparaison entre le Lynch et le Villeneuve ni avec la fantasque épopée de Jodorowsky qui tenta de mettre sur pied une ambitieuse adaptation de Dune.
Tout d'abord je n'ai pas vu le docu de Jodorowsky et les souvenirs de la version lynchienne sont beaucoup trop dilués pour être pertinents.


Une des premières réflexions que je me suis faite, c'est que Villeneuve avait réussi à synthétiser le propos, l'intrigue sans pour autant leur faire perdre leur caractère et le nuage de fumée mystique dans lequel ils évoluent. Pour le dire simplement, on comprend assez facilement les enjeux sans qu'il n'y ait de caricatures. Le livre quand on le débute est assez hermétique. Ce qui n'est pas le cas du film.
Hans Zimmer quand à lui, continue ses expérimentations, proche du sound design, de la volonté de donner du caractère, de l'épaisseur, du grain à l'image sans la modifier par des mélopées trop envahissantes qui pourraient, certes, nous mettre en émoi mais peut-être au détriment de la vision de l'auteur.
J'ai l'impression que Hans et Denis ont voulu qu'à l'instar des bouquins, à l'instar des relations entre les personnages, le récit se suffisent à lui-même sans qu'on y ajoute trop d'éléments censés développer l'empathie. Les tonalités de la photo, ainsi que des instruments se veulent imposantes, mystérieuses et froides tout en conservant les caractéristiques de la brûlante Arrakis.
En écrivant ceci, je réécoute la musique du film et c'est exactement ce que je ressens, avec la possibilité pour Zimmer de développer des thèmes à peine esquissés ci et là quand le récit se voudra moins introductif, moins descriptif et engagera plus les passions des personnages.


Un point sur le casting. La ressemblance entre le Paul de Lynch (qui reviendra en protagoniste principal dans sa série Twin Peaks) et le Paul Atréides de 2021 a quelque chose de perturbant, une ressemblance qui n'est pas tant dans les traits que dans l'impassibilité apparente. On a pris un jeune qui pourra forcément plus facilement évoluer dans les suites et on est pas dans l'erreur d'un Anakin, (jeune premier à la Zak de sauver par le gong, chacun ses refs ^^) incapable de nous faire ressentir les colères du futur Dark Vador.
On pressent en Thimothée Chalamet la fragilité, la jeunesse, le questionnement et le cocktail placide/explosif.
Skarsgard en Baron ou Charlotte Rampling en Révérende mère paraissent presque évidents dans leur rôles respectifs. Est-ce que Poe Dameron (euh Oscar Isaac) ne vient pas perturber la Force ?
Oui, Dune est une oeuvre majeure de la SF. On se rappelle facilement que G. Lucas s'en était librement inspiré d'ailleurs. Rappelez vous de l'Epice qui existe aussi dans la franchise Star Wars, du Retour du Jedi, sur Tatooine (une planète désertique avec 2 soleils) quand nos amis vont être balancés par Jabba the Hutt (bon je ne ferais pas de parallèle avec le Baron Harkonnen ok) dans la gueule béante d'... d'un ver géant. Ne me dites pas (non ne me dites pas) qu'il y a aussi un ordre religieux dont les membres en utilisant leurs voix peuvent contraindre des personnes à faire quelque chose qu'elles ne veulent pas faire. Sacré Jedi ^^


Mais revenons à nos moutons, l'aspect prophétique et ses flash forwards (comprenez ses bonds vers l'avant sous forme de visions).
J'ai entendu ici et là que ceux-ci pouvaient divulgâcher l'intrigue. Je ne le pense pas, ils laissent entrevoir un champ des possibles, donnent matière à réflexion.


Ôtez moi d'un doute. Il s'agit bien de Jamis qui est dans la vision de Paul dans la tempête et qui lui tient le discours que j'ai retranscris en bas. Si oui, comment peut-il prendre un enseignement de quelqu'un avec qui il n'aura le temps d'échanger que quelques mots avant de le tuer. Si c'est le cas, c'est bien que ces visions sont des potentiels et non pas des extraits de futur, non ?
Si c'est Stilgar. Et bien, ... tant pis pour ma théorie vaseuse ^^.


On reprochera peut-être à cette adaptation de ne pas nous inclure et de nous laisser dans nos sièges de spectateurs en ne nous permettant pas ou plutôt MOINS de nous identifier.
Je pense que c'est volontaire. Comme je le disais plus haut, c'est à l'image de l'oeuvre originale.


C'est assez étrange, un jour après le visionnage, j'ai envie de retourner sur Arrakis. Ces images, cette vision, ces sons, ces paroles ont besoin de temps pour nous imprégner.
Villeneuve a voulu que cette oeuvre demeure, il n'en a pas fait le blockbuster que Dune n'a jamais été. Le marteleur résonne encore en moi et la majesté de Shai Hulud me rempli d'un effroi teinté d'admiration, et la voix d'une Bene Gesserit me somme de transformer ce 7/10 en 8/10.
Est-ce l'Epice qui me joue des tours ? Réponse en 2023.


"Le mystère de la vie n'est pas un problème à résoudre mais une réalité dont on doit faire l'expérience. Si on interrompt un processus, on ne peut pas le comprendre. Pour le comprendre, il nous faut cheminer avec lui. L'embrasser. Progresser à ses côtés." Jamis ?

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le 22 sept. 2021

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