C'est un fait : Metric est devenu, comme les 3/4 des groupes de pop-rock à tendance plus acoustique que synthétique apparus au sein des années 2000 (et même avant) une véritable vitrine ambulante à ce genre, qui ne servait autrefois qu'à agrémenter plus timidement leurs compositions, et vice versa avec les guitares et tout le tintouin, qui semblent désormais s'appuyer sur l'électro, juste histoire de.
Je n'en finis plus de compter le nombre de suites musicales qui opèrent désormais dans ce genre. Je ne fais que ça. Je suis passé d'amateur de pop-rock ET d'électro à amateur d'électro-pop-rock justement à cause de ce type d'album. C'est vrai quoi, pourquoi tout séparer alors qu'on peut tout mettre en une fois ?
C'est ce qui donne très souvent un phénomène de surdosage. Synthetica en 2012, digne successeur de l'incroyable (et un de mes albums préférés) Fantaisies en 2009 qui m'a fait découvrir le groupe et le vénérer, a su tromper l'oreille en faisant dans le minimalisme. Mise en valeur arty et Blondi-esque de claviers un peu crados, reverb, guitares électriques et batterie étaient de la partie. On n'aurait pas pu rêver mieux que d'un morceau à ambiance progressive comme Artificial Nocturne pour ouvrir le bal, laissant place à un univers avec lequel on se familiarisait doucement, qui harmonisait vachement bien tout ça et qui a fait, à mes yeux, un de mes albums préférés (lui aussi) du groupe, et que dire de Speed The Collapse, qu'est juste magnifique.
Et puis évidemment, on voyait venir le truc pour 2015. Toujours plus de ci, toujours plus de ça. Vous trouvez qu'à l'écoute de Pagans In Vegas, on est face à un groupe de pop-rock ? Ben il est là le problème.
Metric fait des trucs géniaux, mais en 2015 il fait des trucs sympas. Ils pondent de bonnes chansons comme on en attend d'eux, certes (un petit cran en dessous peut-être ?), avec des arrangements électro-pop bien plus basiques qu'en 2012. Et sont contents. Le mimimum 'syntheti'-cal. Et le surdosage dont je parlais quelques lignes au-dessus, ben il est ici. Le format des chansons est très pop et radiophonique, on retrouve de nombreux artifices inutiles, des petits sons à droite à gauche.
Toutefois j'ai pas envie d'être hypocrite, j'ai mis 7 à cet album. J'ai réécouté les singles un certain nombre de fois, trouvé le moyen d'apprécier les plus décevants au départ (comme le robotisant Cascades et ses beats entêtants), et j'ai laissé couler parce que c'est pas non plus dégueulasse. Le fait est que les mélodies et les thématiques sont aiguisées, mais le reste beaucoup moins. Tout semble être passé au mixeur, ce qui donne un résultat certes plutôt groovy mais pénalisé par ce too much constant.
Bon point après avoir assimilé la direction musicale : les morceaux les plus faiblards de l'album (à mes yeux bien sûr), Other Side et Blind Valentine, restent bien écoutable et sont pas chiant non plus. For Kicks possède une intro extra, Celebrate est très certainement un des morceaux qui me plaît le plus dans cet opus avec The Shade et Lie Lie Lie, quant à The Governess, elle possède de la guitare électrique (!) et un rythme qui retiennent mon attention, et se voit être un peu plus légère que bon nombre de titres du disque. Ce qui fait quand même du bien.
Les deux titres finaux, The Face Part I & II, portent plutôt bien leur nom car, essentiellement instrumentaux, ils ne reflètent que le visage (plus expérimental) de ce que le groupe avait vraisemblabement envie de faire : de l'électro. C'est joli, un coup entraînant, puis plus calme pour éteindre les lumières. Vegas s'éteint doucement.
En conclusion : un CD sympa pénalisé par son côté pop qui le retient dans ses capacités, un groupe qui brouille les pistes. Ils m'énervent, mais j'en suis fan quand même. Qui sait si je vais pas finir par craquer pour l'acheter dans les jours prochains...
Mes préférées : Lie Lie Lie, The Shade, Celebrate, Too Bad So Sad, The Governess, The Face Part I.