Nothing but the sum of my regrets
J'avais entendu des bouts de morceaux de Lorna Shore et c'était assez étonnant, vocalement parlant.Intrigué, je suis allé au bout de ma démarche en écoutant leur dernier album en date et...
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le 26 oct. 2023
Lorna Shore a le vent en poupe ces derniers mois. Entre la sortie d'un EP d'une qualité rare ("... and I return to nothingness" en 2021), ses performances lives absolument époustouflantes et les apparitions régulières du sympathique nouveau chanteur Will Ramos sur les réseaux sociaux, le groupe de deathcore américain connait une hausse de popularité encore inédite dans son histoire. Cet album, "Pain remains", était ainsi particulièrement attendu par un public, globalement nouveau, désireux d'en entendre plus de cette formation prometteuse.
Alors avant d'analyser la musique, parlons du concept de "Pain remains". La quatrième livraison des américains est un album concept assez ambitieux, conçu comme une tragédie, selon le chanteur. Il raconte l'histoire d'un homme à la recherche du bonheur qui, incapable de le trouver dans sa vie quotidienne, va le découvrir dans un rêve lucide. Désireux de revivre cette expérience, il va se droguer pour pouvoir dormir et donc rêver en permanence. Et puis un jour il va tomber amoureux d'une femme qu'il voit dans un rêve. À son réveil, conscient qu'il ne pourra jamais la revoir, il estime que sa vie ne vaut plus la peine d'être vécue, et se donne la mort.
Ce concept, alliant psychologie et amour impossible, est très intéressant sur le fond. Mais qu'en est-il de la forme?
Et bien, avant toute chose, il ne faut pas oublier que Lorna shore est un groupe de deathcore, l'un des genres les plus extrêmes du metal, donc ne vous attendez pas à une musique douce et romantique comme le suggère l'histoire de l'album. "Welcome back, o sleeping dreamer" est un excellent préambule de ce qui vous attend sur "Pain remains" : une intro orchestrale mystérieuse, puis une explosion de violence, blast-beats et screams furieux à la clé, avant qu'un premier breakdown sorti de nulle part nous tombe dessus. Les breakdowns de Lorna Shore sont impressionants, d'une brutalité, d'une folie, et d'une spontanéité exceptionnelle. La surenchère de la surenchère. On est très loin de ce que proposait Pantera dans sa période la plus féroce. Et puis, sorti également de nulle part, arrive un riff black metal qui débouche sur un refrain mélodique. Puis un deuxième breakdown. Et un solo visant juste entre technique et mélodie qui mène à un troisième breakdown, encore plus féroce que les précédents. Ce premier titre se conclut sur une outro qui nous laisse le temps de penser "Wow, ça commence fort, cet album va être fou".
Et il l'est. Le deuxième morceau "Into the earth" est complètement perché, avec des passages très rapides et des breakdowns surprises surefficaces. Lorna shore prend un tel plaisir à placer ses breakdowns là où on ne les attend pas que ce serait presque du spoil que de dire où ils figurent. Je vous laisserai donc découvrir leur emplacement si la curiosité vous vient d'écouter l'album.
"Sun//Eater" est le tube du skeud, avec un refrain mémorable, et des breakdowns encore une fois excellents autant que surprenants. "Cursed to die", le morceau suivant, le complète parfaitement, au point que ces deux titres peuvent être considérés comme les deux parties d'un dyptique.
Jusque là, la musique est jouissive (pour qui aime le style) mais peu nuancée toutefois. La nuance arrive donc enfin avec "Soulless existence", morceau plus lent, plus atmosphérique, plus mélancolique. Après avoir fait des rêves fous, le protagoniste affronte la fadeur de sa vie. Pas de breakdown, deux solos mélodiques à fleur de peau. Un morceau qui clôt ce qu'on pourrait appeler l'acte 1 de "Pain remains" sur une note triste.
Les hostilités reprennent avec "Apotheosis", morceau un peu oubliable même si agréable. Son successeur, "Wrath" offre un compromis parfait entre la violence deathcore et la dissonance black metal. Un morceau presque aussi efficace que "Into the earth", un véritable banger vous l'aurez compris.
Et puis, c'est déjà le final, avec le morceau éponyme. Mais soyez rassurés, celui-ci, divisé en trois parties, dure plus de 20 minutes !! 20 minutes pendant lesquelles l'histoire touche à sa fin. Conscient de l'impossibilité de revoir sa bien-aimée, le protagoniste préfère s'en aller dans une "mer de feu". Je sens presque les larmes monter lorsque Will Ramos, à la fin de la partie 1, crie avec désespoir "Where do you go when I close my eyes?". Les émotions n'ont jamais été aussi fortes sur l'album, les refrains respectifs de ces trois parties sonnent d'une manière extrêment épique, on est ici à l'apogée de l'album. À la fin de la partie 3, un dernier breakdown, un peu faiblard, est suivi par la reprise du thème principal de la trilogie, qui cloturera l'album avec une puissance émotionnelle remarquable. Notre protagoniste a quitté sa vie, pour peut-être trouver le bonheur éternel dans un autre monde...
Vous l'aurez compris, "Pain remains" est un album remarquable, distillant brutalité et émotions à la fois. Brassage très intéressant d'influences deathcore, black metal et musique symphonique, il a une identité musicale très forte et originale. On headbang, on sourit face à l'absurdité des breakdowns, on sent nos yeux s'embuer à certains moments, bref, on est secoué par ce disque hors-norme.
Cependant, on pourra lui reprocher un manque de nuance qui s'observe par la ressemblance de certains riffs ou refrains, ainsi qu'une durée excessive (61 minutes pour un album de metal extrême, c'est trop). Mais face à la qualité et l'originalité des meilleurs morceaux, nous pouvons fermer les yeux sur ces défauts, considérablement réduits si l'on skip un titre ou deux.
En définitive : amis métalleux, si vous avez soif de sensations fortes, allez poser une oreille sur le dernier Lorna Shore, vous ne le regretterez pas !
Créée
le 29 oct. 2022
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