Critique publiée sur Kultur & Konfitur.
Cet album est un chef d’œuvre.
Depuis maintenant plusieurs mois, j’essaie de trouver comment vous expliquer pourquoi, mais j’en reviens à la même conclusion à chaque écoute : mieux vaut en faire l’expérience soi-même. Après-tout, à quoi ça sert de faire une longue chronique vous énumérant les multiples qualités de ce petit bijou ? Le but, c’est d’attirer le lecteur, de lui donner envie de découvrir une musique (ou de le prévenir dans le cas d’un mauvais album). Si vous n’êtes pas encore partis vous procurer cette petite merveille, je peux toujours essayer de vous dire pourquoi je considère ce premier opus du groupe américain comme l’un des meilleurs albums de tous les temps (n’ayons pas peur des mots et allons-y franchement !).
Mélange des genres
Cet album a tout. Une atmosphère dans laquelle je me plonge à chaque fois avec délectation, des compositions d’une qualité hors-norme, un parfait équilibre… je pourrais continuer comme ça longtemps en multipliant superlatifs et hyperboles. Aucun titre n’est faible et même mieux, tous frôlent la perfection. Je vais éviter de citer les qualités de chaque morceau, autant que vous découvriez par vous-même ce travail d’orfèvre.
Alors vous pourrez cracher sur la voix de John Haughm, je vous répondrai que, loin de représenter la maîtrise la plus parfaite, elle colle parfaitement à l’ambiance globale de la musique proposée par Agalloch. Vous pouvez aussi vomir sur « The Misshapen Steed » en disant que c’est du remplissage, je vous rétorquerai que c’est sans doute un des morceaux qui me permet le plus de m’évader et que l’incursion dans le territoire du dark folk est parfaitement gérée (sur ce titre ou dans d’autres où l’on retrouve cette influence. Vous pouvez aussi dénigrer la fin de « Dead Winter Days » (putain, mais quel titre !) en affirmant que ce foutu piano n’a rien à foutre là. Je vous dirai alors que c’est exactement le genre de choses qui font la force et la cohérence de cet album, que ce passage dessine un lien parfait entre « Dead Winter Days » et « As Embers Dress the Sky », et qu’enfin vous feriez mieux d’écouter l’album entier et de voir la façon dont les titres s’enchainent (même si tous sont excellent individuellement) que de vous concentrer sur un seul morceau, vous verrez que Pale Folklore prend encore plus d’ampleur par cette harmonie et la création de liens.
Breath of the Wild
Ou bien, vous pouvez accepter mon postulat que rien dans cet album (de plus d’une heure, tout de même) n’est superflu, que tout y a sa place. Même si ce n’est selon moi pas l’album le plus abouti et le plus travaillé du groupe, c’est celui qui garde ma préférence par son côté moins « massif » qu’un opus comme Ashes Against the Grain (plus qu’excellent par ailleurs, cela va sans dire). Sans aller jusqu’à dire qu’il possède une certaine légèreté (l’influence doom est quand même très présente, une certaine lourdeur se dégage de l’ensemble des compositions), il est plus aéré, plus spontané peut-être, tout en conservant un travail très poussé sur les compositions. S’il est assez facile à apprivoiser et relativement accessible, Pale Folklore continuera de vous dévoiler des richesses sans cesse renouvelées les années passant. Après la sortie de cette première offrande, Agalloch entre d’emblée dans le monde des grands, des très grands même, du monde du metal.
Au final, on en revient au même point que si je n’avais pas tant développé. Un chef d’œuvre, je vous dis. Il ne vous reste plus qu’à vous en rendre compte. Alors qu’est ce que vous foutez encore là ?