Difficile de trouver comment s'y prendre cette fois-ci. En effet, Pale Folklore est l'un de mes disques préférés, et le présenter comme il le mérite est une tâche bien complexe pour un écrivaillon de mon espèce. Encore plus complexe est cette tâche au vu de l'excellent article déjà écrit par Flavien M au sujet du disque magique qui nous intéresse aujourd'hui. Mais le soir tombe, et il est trop tard pour aller me promener dans les bois au son de ce Pale Folklore si délectable. En gros, je suis coincé chez moi. Bon, allez, je me lance, ce sera toujours plus créatif que de passer ma soirée (et ma nuit) à mater des films de Joe d'Amato ...
Le vent. Ce vent. Ainsi commence notre voyage. Par du vent. Un vent qui ne nous quittera qu'à la toute dernière seconde de cet album. Puis un clavier. Et le reste suit. Ca y est, nous voilà partis au beau milieu d'une forêt, en automne. Le son chaleureux des guitares (un peu trop compressé malheureusement) nous accompagne tout au long de cette ballade. Le disque est comme baigné dans une atmosphère très boisée, hantée par la voix de John Haughm, entre la rage et la dépression pure. On ressent également une misanthropie constante, et les paroles le confirment : "bathe in the blood of mankind" sur "She Painted Fire Across the Skyline", magnifique morceau d'ouverture qui fait passer ses 19 minutes comme 15 secondes.
En effet, l'album est uniquement composé de longs morceaux glacés et mélancoliques, à l'exception de "The Misshapen Steed", interlude de 4 minutes au clavier/piano qui plonge définitivement les réticents à "She Painted Fire Across the Skyline" (ça existe ?) dans le rêve profond proposé par le disque. Ne vous fiez pas à tous ceux qui qualifient ce morceau de "filler chiant et sans intérêt" (étonnamment, il y en a pas mal sur la toile). On a même droit à la voix haut perchée de la petite amie du second guitariste Don Anderson sur "As Embers Dress the Sky", ce qui ne fait qu'ajouter à l'alchimie jouissive déjà créée par les instrumentistes. Les paroles ? Elles sont tellement belles qu'au lieu de vous livrer mes habituelles réflexions stupides et fastidieuses, je me contenterai de citer un passage de l'album :
"Shine on evening skyfire
Paint the sky with the blood of a raven
Bereavement, oh garment of ebony
As embers dress the dusk of man..."
- Extrait de "As Embers Dress the Sky"
Doté de somptueux passages à la guitare acoustique, Pale Folklore alterne déchainements déprimés et envolées magnifiques dans une symbiose écrasante de génie. C'est un véritable abandon des sens, et on ne s'ennuie pas une seule seconde. En 1999 donc, John Haughm et sa bande sortent ce qui se trouve être probablement le premier album le plus impressionnant de tous les temps. Et ce n'est que le début d'une longue suite de chefs-d'oeuvre tous plus épatants les uns que les autres.