Se perdre dans ce paradis retrouvé
Christophe ne fera définitivement rien comme tout le monde. Ce "Paradis retrouvé", jolie référence aux "Paradis perdus" de 1973 ( http://www.senscritique.com/album/Les_Paradis_Perdus/critique/20788876 ), n'est donc ni un nouvel album à proprement parler ni une simple compilation de titres inédits.
Pour comprendre ce que l'on y trouve, il convient de revenir un peu en arrière. En 1971, Francis Dreyfus crée Les Disques Motors (qui deviendront par la suite Francis Dreyfus Music) et Christophe devient le tout premier artiste signé par le label. Les deux hommes collaboreront 25 ans. Dans les années 2000, Dreyfus revient vers Christophe, lui proposant de sortir une compilation de titres inédits datant des années 70 et 80.
L'idée n'aboutira finalement pas mais suite au décès de Dreyfus en 2010, le Bevilacqua décide de déterrer le projet afin de rendre hommage à son fidèle ami. Mais plutôt que de simplement remastériser des morceaux, ce bidouilleur de génie va fouiller dans les Revox, les 24 pistes, les cassettes de l'époque et décide de reprendre le matériau existant et de le retravailler, de tout réenregistrer avec du matériel moderne.
Le résultat est étonnant, déroutant mais surtout passionnant et démontre à quel point cet homme aura en permanence été en avance sur son époque.
Si 2-3 morceaux font leur âge *, la majorité de l'album est d'une modernité absolue et recèle même quelques petits bijoux ne ressemblant en rien aux standards musicaux français des années 70 et 80.
- "Silence on meurt" : morceau cinématographique et fou qui rappellera le sublime "Voir" présent sur "Comm' si la terre penchait" (1) (A noter que l'intro provient de son incroyable "Voix sans issue", morceau électro paru en Face B de "J'lai pas touchée" en 84)
- "Take a night" : slow transpercé par des riffs de guitare fulgurants
- "Night welcome" : autre slow ravageur mâtiné de nappes synthétiques
- "Stay away" : du pur Christophe à l'ancienne s'étendant sur 7 minutes et qui, sous des apparences très classiques, démontre à quel point cette musique refusait de répondre à tout formatage
- "Carrie" : ou quand une grande mélodie rencontre le groove et l'électro
- "Harp Odyssey" : instrumental hypnotique lorgnant du côté de la cold-wave et du punk, à la Buzzcocks
- "Hommage à Jean-Michel Desjeunes" : trip divin sous substances où synthétiseurs, guitares et harmonica se mêlent, pour aboutir à un morceau d'une beauté sidérante
Plus de deux semaines maintenant que cet album tourne en boucle chez moi et à chaque écoute je découvre et redécouvre ces morceaux, tellement riches et complexes. Les amoureux de Christophe se régaleront à reconnaitre ici ou là un sample ou une mélodie déjà présents sur un ancien titre, les autres seront probablement un peu perdus tant cette musique ne ressemble à aucune référence à laquelle se raccrocher.
Si vous aimez vous perdre, vous savez où aller laisser trainer vos oreilles...
* Les 13 titres ont originellement été enregistrés entre 1972 et 1982.
A dévorer pour mieux comprendre cet extra-terrestre : http://youtu.be/xCp9U8lzoCQ
http://youtu.be/e9BKpoiGF08
Et parce que je l'aime passionnément, je ne pouvais que lui consacrer une liste (dans laquelle vous pourrez trouver des liens renvoyant aux critiques du reste de sa discograhie) : http://www.senscritique.com/liste/Et_j_ai_crie_crie_Christophe_pour_qu_il_revienne/218039
(1) http://www.senscritique.com/album/Comm_si_la_terre_penchait/critique/16935547
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ces albums que mon cerveau malade m'oblige à réécouter, réécouter, réécouter, réécouter, réécouter, réécouter, réécouter, réécouter, réécouter, réécouter, réécouter, réécouter, réécouter, réécouter,, Oui oui Emmanazoe, je tiens mes promesses, En janvier, même si t'es mauvais, dans mon Top 50 tu es, Les meilleurs albums de 2013 et Chanson à textes 2010's (Version Albums)