Ce qui est bien avec l'ambient, c'est que le critiquer ne requiert pas d'utiliser un vocabulaire spécifique à la musique. Là où parfois on cherche à classer, nommer, juger la musique, l'ambient n'a pas ce côté matérialiste. Car après avoir écouté un album de Andy Stott on ne peut que décrire ce que l'on a ressenti, ce que l'on a imaginé et non la musicalité...
Ce sont des loops sonores sur des longues plages de sons inquiétantes. Ces sonorités sont presque inhumaines. On a la curieuse impression que la musique sur Passed Me By est un monstre qui dévore tout sur son passage. Alors que l'ambiance sur New Ground n'aurait pas grand chose d'inquiétant grâce à ce beat très identifiable et ces vocals aigus presque rassurants, des morceaux moins détendus arrivent progressivement comme Intermittent où régulièrement un court vocal ou sample de violon viens crier à l'aide face à cet effrayant beat techno. Cette musique étouffe des samples pop qui tentent de se débattre jusqu'à mourir dans un dernier cri à la fin du morceau. La machine est en marche.
Dark Details, avec son rythme déstructuré et ses percussions très répétitives, ferait penser à un combat, un ultime espoir pour la population face à ce monstre, cet espoir serait incarné en un homme combattant de toutes ses forces pour sauver les dernières bribes de son peuple, peut-être ai-je été inspiré par la pochette de l'album...
Mais le disque est très pessimiste et les gentils ne gagnent pas toujours. Ce morceau est d'autant plus effrayant que les vocals très graves ont l'air de prononcer mon prénom... Mais bref ! L'avant dernier morceau, Execution, l'un des plus mystérieux pour ses sonorités langoureuses, incarne la victoire de la créature qui continue de marcher parmi son carnage, elle est rassasiée et observe fièrement son oeuvre : la destruction d'une musicalité liée à une déshumanisation du son.
Cet album est bien plus qu'un thriller apocalyptique, c'est un voyage omniscient dans les derniers instants d'un monde sans défense que nous regardons mourir passivement.
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