Si le premier album de Megadeth était brouillon et oubliable, son petit frère, lui, frappe fort. Il surpasse l’aîné dans tous les domaines, tant au niveau du graphisme de la pochette (ce rouge vermeil symbolisant le destin funeste du monde, génial !) que du contenu musical.
Fait rare quand on connaît la carrière du groupe du teigneux rouquin, la composition n’a pas changé ! Sameulson, Poland et Ellefson accompagnent donc Mustaine pour la deuxième fois, mais avec une production différente, qui donnera à Peace Sells un son moins brouillon, plus professionnel. La haine et l’énergie crade qui s’en dégagent me fait penser à Bonded by Blood d’Exodus.
Fidèle à son carburant mêlant agressivité et rage qui ne demandent qu’à être exprimées, Mustaine, de sa voix de levier de vitesse de 4L enroué, nous crache à la gueule toute sa colère, tout le dédain fielleux qu’il ressent envers les puissants de ce monde.
Wake Up Dead est MONUMENTALE ! Je ne peux pas l’écouter sans devenir fou au moment du break, et, jamais rassasié de l’entendre, je remets toujours le morceau à 2min38 une fois que celui est terminé pour pouvoir encore profiter de ce fragment extraordinaire de thrash metal. Quel riff !
Les autres musiques, sans posséder cette claque dans la face que représente le break de Wake up Dead, sont au moins aussi mordantes, et on bouge frénétiquement la tête en écoutant les riffs géniaux de Bad Omen et The Conjuring, les refrains inoubliables de Devil Island et Black Friday, et on est pris au tripes par l’étonnant My Last Words qui est empreint d’une profondeur dramatique inattendu.
Peace Sells (le morceau) vaut bien sûr son pesant de cacahuètes. Comment ne pas hurler comme un demeuré pendant le refrain ? Comment ne pas augmenter le volume quand déboule la ligne de basse ? Un hymne du metal.
Si tous ces morceaux contiennent une substance apocalyptique, funeste et sombre, il y a en a un qui fait tâche : I Ain’t Supersticious. Cette reprise de Willie Dixon n’a vraiment rien à faire là, c’est incongru au possible. Non seulement elle tranche vis-à-vis des autres morceaux au niveau du contenu musical (du rock classique au milieu du thrash) mais aussi au niveau du thème mortifère présent dans tout l’album. Un petit papillon bariolé qui tente désespérément de voler à travers les flammes noires crachées par Mustaine et sa bande.
Un album vicelard et cogneur, ça part dans tous les sens jusqu’à atteindre des paroxysmes d’intensité au niveau rythmique et solos de guitare. On partage la haine de Mustaine avec allégresse, et on le remercie de nous gratifier de ce rejeton né de l’union entre sa rancœur maladive et son talent musical. Un incontournable.