Voilà : 2016 s'achève et tout le monde se fout de "Peace Trail", le dernier Neil Young, pourtant son meilleur album depuis... oufff... dix, vingt ans ? Depuis "Sleeps with Angels" peut être, un autre grand disque décalé à côté duquel le public aussi bien que les fans sont passés. Pourtant, pourtant, il y a TOUT ce qu'on aime chez Neil Young dans ce "Peace Trail", qui aurait été presque parfait sans deux superbes plantages en fin de chaque face ("Texas Rangers" et "My New Robot", tous deux franchement pénibles) : c'est même la première fois depuis "On the Beach" que Neil mêle dans une même chanson délicatesse mélodique, acoustique bien contrôlée (enfin une belle production... on entend même la basse !) et urgence bruitiste, pour notre plus grand plaisir. Et Neil qui 1) prend soin de bien chanter 2) reprend vaillamment le flambeau de combats politiques plus indispensables que jamais dans l'Amérique de Trump. Et Neil qui, au meilleur de sa forme, continue d'avancer en tentant une forme de "rap folk" ou en rajoutant un soupçon d'auto-tune qui rappellera, plus que le dernier Lambchop, les "tentatives de communication" de "Trans". Bref, "Peace Trail" est aussi passionnant que réussi... même s'il semble que personne ne l'écoutera vraiment. Il n'a sans doute qu'un seul vrai défaut pour la presse et le grand public, celui de ne pas être le "dernier" Neil Young, en une année horrible où sont morts presque tous nos héros. [Critique écrite en 2016]