Quand j'ai découvert cet album, j'étais trop jeune et j'écoutais encore Skyrock mais ce fut une véritable révélation. Ça a fait comme un déclic dans ma tête, et j'ai su que ça allait être un de mes albums préférés à jamais. C'est un 10 du cœur, donc. Pour toutes les soirées où j'ai récité les chansons entières avec mes amis.
Je sais que ce n'est pas le meilleur album de rap, certaines instrus font pâle figure et il y a des ratés dans certains couplets... Mais il comporte des prouesses indéniables, surtout pour un premier album. Orelsan s'est approprié son univers, avec un personnage peu glorieux mais sincère : le loser provincial qui raconte les petites galères de la vie et les grosses déprimes.
Et ça marche. Par là il arrive à dresser un portrait drôle et pertinent de toute une génération de jeunes plus ou moins paumés (Différent, Changement, No Life, Soirée Ratée, Pour le pire). Ceux qui passent la journée dans leur lit à geeker, le soir à sortir dans des boîtes pourries dans l'unique but de se mettre minable et de pécho.
Il fait aussi part de morceaux plus introspectifs dans lesquels il est facile de s'identifier : Courez Courez, Perdu d'Avance, et les deux plus belles chansons de l'album : Etoiles Invisibles et Peur de l'échec, qui m'ont pris aux tripes à mort. Le morceau le plus purement "hip-hop" reste Jimmy Punchline, une petite pépite de trois minutes devenu culte.
J'aime l'humour d'Orelsan mais aussi son pessimisme désabusé. J'aime ses références et ses tournures imagées, la façon qu'il a de raconter des histoires toutes simples mais qui tombent toujours dans le mille. Il peut sortir les trucs les plus intelligents aux trucs les plus vulgaires, mais il reste vrai quoi qu'il arrive. Il s'en bat les couilles tant que ça le fait kiffer, et on le ressent dans toutes ses chansons : c'est ça qui nous fait kiffer aussi.