Après nous avoir ravi en 2018 le temps d’une élégante promenade le long des paisibles plages de l’île de Jeju, Jang Pill-soon s’en revient nous proposer une nouvelle excursion sur les terres éthérées de son envoûtante musique.
Petrichor. Le titre de l’album désigne cette odeur particulière de terre qui émane d’un sol forestier détrempé après une averse. Car c’est bien pour une aventure tellurique que nous embarque cette fois la sexagénaire sud-coréenne. Dans une ambiance de clair-obscur mystérieux, au fin fond d’une clairière oubliée, la chanteuse nous invite à effectuer une sorte de pèlerinage spirituel aux accents tantôt enjoués, tantôt mystiques.
JPS renoue avec son style de folk si moderne, traversée de glitches et autres modulations vocales déjà entendues dans Soony Eight. Des arrangements toujours très travaillés, faisant grand cas de la spatialisation des sons et de l’atmosphère créée par la surimposition de couches musicales à la texture variée.
On pourrait peut-être cependant reprocher des compositions globalement moins inspirées que celles présentes dans Soony Eight (l’effet de surprise s'est aussi dissipé !). Ou du moins plus complexes à aborder singulièrement : Petrichor est à de nombreux égards un album concept, suivant un parcours musical progressif et cohérent. Une sorte d’éveil vers les profondeurs du « jardin secret » de JPS, que celle-ci dévoile avec beaucoup de pudeur et de poésie.
C’est un album qui nécessite plusieurs réécoutes avant de pouvoir être apprécié à sa juste valeur. Il vient en tout cas confirmer l’insolente créativité de son autrice et se fixer en contrepoint idéal de sa précédente itération marine : terre et mer, beauté et mystère, soleil couchant et demi-jour lunaire… Deux faces d’une même île, deux faces d’une même femme… Vivement le prochain !