Poétiquement violent
Second disque de Lofofora, l'album parvient à mettre en avant tout ce qui fait le charme du groupe. Une alternance entre le chant punk et du flow rap, les rythmes parfois groovy parfois dans une pure violence très basique. Les textes qui sont très politisés mais parviennent à ne jamais tomber dans la démagogie. On a donc cette violence, ce groove, cette réflexion et ce travail sonore très agréable.
Les riffs sont vraiment forts, touchants, puissant, il suffit d'écouter Amnes'History par exemple pour voir la force du pont ainsi que l'efficacité de la basse dans le couplet. La thématique de la lâcheté face aux génocides tout en critiquant les générations antérieures est d'ailleurs une belle thématique.
On oubliera pas la puissance de la batterie d'ailleurs, à ce titre ce sera Envie de tuer qu'il sera bon de réécouter, sur la violence que l'on peut avoir envie de faire face à la société.
La thématique de la violence est très présente, avec Envie de tuer bien sur, mais aussi Mental Urbain. On appréciera sur ce titre l'efficacité de la basse dans un slap de haute qualité. Dommage que le refrain soit aussi simple. Le post-couplet (à défaut d'autre nom), pour sa part, est un moment magnifique. On voit également là dedans l'union réussie entre la basse et la guitare. L'album s'ouvre d'ailleurs sur la question de la violence face à un système pourri avec le Jazz Trash Assassin. Le morceau est rempli de punchline. Mais alors que pendant 3 minutes le morceau est une suite de violence assumée sans discontinue qui cherche plus l'agressivité qu'une brutalité répétitive, la fin amène une bonne dose de groove, la marque de fabrique de Lofo'.
La Chute est également sur ce sujet, prenant à parti l'auditeur et l'obligeant à assumer d'être nécessairement sur l’échiquier politique. Même le refus d'y participer c'est participer. Sur ce côté d'une participation obligatoire on retrouvera aussi Bon à Rien. Cette violence personnelle liée aux sujets politiques se retrouvent aussi dans Intox Populi. On retrouve exactement le même sujet dans un Arrache qui n'aurait pas grand chose pour soi sans l'intro presque funk-metal du morceau.
A l'inverse, la non-intervention dans le monde se retrouve dans le Pendu où Lofofora parle de son sujet principal de manière inversée. Angoisse et colère peuvent entraîner le suicide nous prévient-ils. Or, ces émotions sont directement liées à l'espace public pour Lofo.
Bien sur un groupe de metal avec des éléments groovy doit faire des morceaux pulpeux. Et donc des morceaux sur le sexe. Deux titres sont là-dessus. Le très beau et groovant Vice et Rale (qui sera repris plus tard dans une vision encore plus sensuelle) fait danser et s'agiter pour avoir « des gestes explicites ». Les paroles sont aussi évocatrices que la musique. On appréciera d'ailleurs l'outro du titre très agréable.
Par ailleurs, Macho Blues évoque aussi la sexualité, mais musicalement il est plus dérangeant … Comme les paroles, parce qu'il n'y a pas de groove dans le viol incestueux et la violence conjugale. Plus encore que pour les sujets politiques, on sent que Lofofora parle ici de leur ultimes ennemis : les machos.
Vive le Feu arrive presque à la fin de l'album, en avant-dernière piste il sonne comme l'hymne punk qu'en ont fait les Béru', rapide et efficace à souhait il se veut décomplexé et d'une surpuissance totale.
Pour terminer et comme un écho aux débuts, Lofofora utilise une ambiance indienne qui développe après 2 minutes les premiers éléments un brin violents, mais tout en restant subtile. La monté est progressive, aérienne, douce et délicate... On croirait écouter Love you to des Beatles tant l'union à la musique indienne est bien faite. On a une montée qui se veut progressive et ça pourrait marcher si l'explosion n'avait pas lieu au bout de 13 minutes. 13 longues minutes bien trop répétitives. Le lancement aurait pu se faire après 6 ou 7 minutes, cela eut été parfait. Le retour du chant de Reno est très marquant et ultra plaisant, mais malheureusement même à ce moment là le titre s'éternise encore.
Lofofora propose un album très réussi sur le plan musical, malgré quelques passages simplistes ou répétitifs par rare moment, il reste, pour sa musicalité très haut placé. Pour les textes, s'ils sont bien écrits, le manque de diversité dans l'écriture se fait malheureusement ressentir. Cette diversité se développera par la suite car, sur ce plan, Lofofora fait encore beaucoup trop jeune.
Peuh ! Est néanmoins un album d'une rare efficacité qui offre un réel plaisir à l'écoute.
Créée
le 10 juil. 2016
Critique lue 354 fois
D'autres avis sur Peuh!
Bam !
Un an après un bien bon premier album, Lofofora publie son deuxième, Peuh! qui fait l'effet d'un bon pain dans la gueule à sa sortie. Reuno, le chanteur aux yeux qui s'exorbitent tels ceux d'un...
le 18 oct. 2017
Poétiquement violent
Second disque de Lofofora, l'album parvient à mettre en avant tout ce qui fait le charme du groupe. Une alternance entre le chant punk et du flow rap, les rythmes parfois groovy parfois dans une pure...
Par
le 10 juil. 2016
Du même critique
J'ai presque honte de ne pas aimer
Ce que je vais dire va surement sembler un peu bête, mais globalement je chie sur les critiques contemporaines professionnelles. Mon respect va aux avis des membres actifs du milieu du cinéma, ainsi...
Par
le 23 mai 2014
78 j'aime
13
Public aveuglé
Salué par la critique Black Book nous montre l'amour de Paul Verhoeven pour les scénarios longs sans longueur et les œuvres dotées d'image marquante. L'esthétisme ultra-soignée du film qui est...
Par
le 5 mars 2016
37 j'aime
9
Anti-binge-watching
Curieuse série que The Crown. Curieuse puisqu'elle se concentre sur la vie d'Elizabeth II, c'est-à-dire La Reine du XXe siècle, mais une reine sans pouvoir. The Crown est une série qui s'oppose à...
Par
le 24 avr. 2019
28 j'aime
2