[Review] Freddie Gibbs & Madlib – ‘Piñata’
Depuis ses débuts il y a maintenant 10 ans, Freddie Gibbs a semble-t-il perdu assez de temps dans des deals hasardeux, que ce soit avec Interscope ou sur le label CTE World de Young Jeezy, c’est pourquoi il se tourne une fois de plus vers un label indé pour sa 2ème sortie physique après son EP ‘Str8 Killa’ paru en 2010 chez Decon Records. Cet album en collaboration avec Madlib, et qui sort naturellement sur la structure Madlib Invazion de ce dernier, aura été en gestation pendant plus de 5 ans avec en préambule une trilogie de EP nous renseignant un peu plus sur ce qu’on serait en droit d’attendre de leur LP.
Une chose est sûre, ce projet ‘Piñata’ du rappeur de l’Indiana n’a strictement rien à voir musicalement avec sa précédente sortie ‘ESGN’ (juin 2013), qui pour l’anecdote et en guise de pied de nez à ses précédents contrats stériles sur major, sortira 3 semaines avant sa date initiale (l’un des avantages d’une sortie digitale en toute indépendance). Cette collaboration Madlib / Freddie Gibbs surf sur 2 atouts majeurs, le premier étant que chacun fait au final ce qu’il sait s’y bien faire depuis pas mal d’années sans essayer de changer quoi que ce soit, et deuxièmement, on a droit uniquement à une sélection haut de gamme sur la tracklist finale. Tous les morceaux de ce LP sont pertinents, sans aucunes concessions quelles qu’elles soient, au final la seule concession se trouve peut être dans le changement de titre de ce projet qui est passé pour des raisons commerciales qu’on peut comprendre de ‘Cocaine Piñata’ à simplement ‘Piñata’.
En 60 minutes on a droit à un peu de tout sur cet album, Freddie Gibbs passant aisément de morceaux un peu plus légers comme ces titres ‘High’ et ‘Harold’s’ aux prenants ‘Shitsville’ et ‘Broken’ (en compagnie Scarface), un hymne à la défonce avec Danny Brown (‘High’) tout aussi convainquant que cet exposé dramatique d’une vie loin d’être totalement maitrisée sur ce ‘Shitsville’. On retrouve avec plaisir les différents singles ‘Thuggin’, ‘Shame’ et ‘Deeper’ qui ont définitivement lancé l’engouement général pour ce projet lors de la sortie des différents EP, du pur régale signé Gangsta Gibbs tout comme ce morceau ‘Bomb’ avec Raekwon sur lequel Madlib tutoie des sommets une nouvelle fois. Avec le diss track ‘Real’, Freddie Gibbs habille Young Jeezy pour les 10 prochaines années nous expliquant en détail toutes les incohérences de la personnalité du Snowman, logiquement ce titre est suivi par l’égotrip ‘Uno’ dans lequel Gibbs réaffirme sa place dans le rap game.
La plupart des invités sont les bienvenues et remplissent parfaitement leur rôle comme Domo Genesis et Earl Sweatshirt sur ce très bon ‘Robes’ ainsi que Ab-Soul et Polyester The Saint sur ce ‘Lakers’ rendant hommage à la ville de Los Angeles que Freddie Gibbs a aussi appris à apprécier. Sans surprise sur le morceau portant le titre de cet album, on retrouve une brochette de MC prêt à en découdre avec cette piñata sonore accrochée par Madlib, ça cogne à tout va mais rien de bien transcendant excepté Meechy Darko (Flatbush Zombies). Cela va de soit de dire en conclusion que cet album en commun est une vraie réussite, pas vraiment une surprise étant donné le CV des 2 artistes. Certainement l’un des must have de cette année 2014.