Après la belle réussite que représentait Head Injuries et l’E.P. Bird Noises qui prolongeait les développements acquis avec ce deuxième album, Midnight Oil enregistre un Place Without A Postcard aux sonorités moins brutes que chez ses prédécesseurs. La richesse mélodique est néanmoins toujours présente et les titres s’enchaînent d’abord de façon aussi accrocheuse que sur Head Injuries. « Don’t Wanna Be The One », qui sert d’ouverture, n’a ainsi rien à envier à « Cold Cold Change », et les chansons qui le suivent s’inscrivent dans sa lignée, tout du moins au début. Ainsi, si la première moitié est comparable en qualité avec ce que le groupe avait auparavant écrit, avec néanmoins une tonalité plus pop en partie due à la participation de Glyn Johns à la production, Place Without A Postcard se termine malheureusement par une poignée de chansons plus anecdotiques, rendant le tout assez bancal. C’est un peu dommage tant le potentiel était élevé, mais l’album reste néanmoins réussi grâce à la profusion de beaux moments et l’évolution que montre le groupe. Évolution musicale, avec l’abandon relatif des sonorités live – ce qui n’est ni un bien ni un mal, juste un changement de style –, mais aussi évolution au niveau thématique. L’engagement du groupe se fait en effet de plus en plus présent : Midnight Oil ne se contente plus de rêver à la beauté des grands espaces australiens mais commence à déplorer sa déchéance, critiquant l’urbanisation et le triomphe du capitalisme. Album de transition, Place Without A Postcard reste néanmoins une œuvre avec ses qualités propres et assez attachante, cohérente et autosuffisante.