Aaaah, bien-aimés paradoxes du marketing ! C'est que, grâce à vos tours et vos détours, nous voilà arborant une perpexité Hamletienne face à notre non moins bien-aimée platine C.D., à tenter de percer l'insaisissable mystère Lene Marlin.
Une évidence, d'abord : ce premier album est hyper-formaté (façon foire du commerce). Boite à rythme ringuarde, synthé fastoche, production imparable, on a droit au meilleur du pire en la matière. Ici, la musique est d'abord "produit", et le coeur de cible semble résolument "teenage"... ça Dawsonnise à tous les étages.
Pourtant...
Pourtant, il y a indéniablement quelque chose. Quelque chose dans les paroles. Quelque chose dans la voix. A l'écoute, tout parait incroyablement clair, limpide, et pourtant jamais clarté et limipidité n'auront semblé si sombres, si tristes... Et même, jamais douceur n'aura été si douce-amère. Il y a de la cassure, au-delà du recalibrage. Des failles, au-delà des arrangements de supermarché.
Tout simplement : il y a une âme, au-delà du joli minois, des blessures à fleur de musique, quelque chose de poignant, quelque chose d'intense, de troublant, qui demande à éclore dans des conditions plus clémentes et éclora, d'ailleurs, dans les albums suivants (le second, principalement, qui vaut très largement son 5 étoiles), lesquels sont hélas plus ou moins faciles à trouver sans passer par l'import.
En France, celle qu'on nous a vendu comme "poupée pop qui venait du froid" a visiblement manqué son public.. Peut-être, précisément, parce qu'au fond, elle est tout, sauf une simple poupée qui venait du froid.