Il y a un vrai dilemme des fans de dEUS au moment de placer leur album référence.
D'un côté on peut placer tout en haut "in a bar, under the sea" avec d'excellentes raisons en terme de cohérence globale, de pureté originelle du groupe même si les grands mouvements de fond dans sa structure avaient déjà débuté, c'est un album aussi excellent qu'audacieux et on ne leur donnera jamais tord.
Comme on ne contredira pas les aficionados de "The Ideal Crash" qui est la parfaire synthèse entre accessibilité et exigence, je n'aurais pas non plus un mot de travers sur ce chef d'œuvre.
Mais le problème du fan de n'importe quel groupe est sa pudeur à apprécier les albums accouchés dans la difficulté, à placer du jugement humain et a choisir des camps quand il y juste de la bonne musique à écouter.
Et pocket révolution cumule les tares comme personne. De la structure originale du groupe, il ne reste plus grand chose. Des personnalités précieuses on quitté le navire et Tom Barman se retrouve jugé, particulièrement à l'éclairage de tout ce qui suivra, non plus comme comme un des plus lumineux artistes de la scène européenne, mais comme un despote qui aurait fait place nette autour de lui (ce que Lou Reed avait peur être fair avant lui, mais avec la classe de se virer lui même sur la fin... est-ce là l'omission et donc le crime ?).
Voilà pour le contexte, et pourtant pocket revolution, opus le plus vendu du groupe (encore une raison de rager pour certains puristes) accorde tout le monde, qu'ils soient encore fans du groupe ou au contraire déçu par la suite, c'est un album de fin de cycle. Courament, on appelle ça une apogée, mais je lis et entend les chafouins qui en sous tendent la définition tout en préférant avoir leur cœur qui tend vers les opus précédent. Reste que en sous texte, on peut sans doute en déduire quelque chose...
La réponse c'est que à sa sortie, pocket revolution est sans doute un des meilleurs albums sortis de son année. Et que malgré son accouchement difficile il a tout pour séduire un public se réclamant d'un certain élitisme. Ici pas de single passé en boucle par les radios en vue. A la place une introduction somptueuse avec bad timing et une conclusion aussi inclassable que motivante avec l'enchaînement du nerveux Sun Ra avec superbe la ballade "nothing really ends". Et au milieu de tout ça ? Pas une seconde à jeter, c'est ma bande son de 2005, une époque terrible où le rock se meurt déjà mais où un petit village flamand résiste encore et toujours ... Merci encore à dEUS de m'avoir fait continuer à y croire, je n'ai vu qu'un monument à cette hauteur depuis, en 2011 du côté de l'Ecosse de Mogwai.
Alors oui, les pleureurs auront peut être raison d'être moins surpriss et enthousiasmées par le groupe depuis, qui ne démérite pas mais ne peut pas toujours égaler son chef d'oeuvre. C'est le lot des groupes qui sortent un monument majeur, et c'est le meilleur qualificatif que l'on peut donner à un album, qui happe par son énergie et son climax et nous laisse rincé à la fin de son écoute, bientôt 20 ans après.