Day of the Dead est sans doute le mal aimé de la trilogie des Zombies de Romero, constituée de Night of the living dead (la nuit des morts vivant) et Dawn of the dead (Zombies). J'avoue moi même être retombé dans le piège et j'ai longtemps évité de ressortir celui là "pour le plaisir" quand je me délectais régulièrement des deux premiers, fut-ce dans des éditions lamentables.
Il faut dire que pour cet épisode aussi je bénéficiais que d'une scandaleuse version 4/3 pleine de défauts qui piquaient les yeux, le tout dans une boîte ignoble qui semblait dire "cache moi je suis vraiment trop laide".
La sortie du coffret Blu Ray m'a ceci dit permis de redécouvrir ce film dans ces conditions décentes. J'ai bien dit décentes car il reste quelques maigres petits défauts d'image qui permettent aux critiques professionnels de l'image de justifier leur salaire en traquant des points blancs invisibles mais franchement qui a un jour subit l'affront des éditions DVD du film pourra trépigner de joie devant la qualité d'image de cette édition.
Pour les bonus par contre, effectivement c'est la dèche avec une fausse suite au film mais aucun documentaire ou matériel sur le film en lui même. Enfin côté langues on trouve l'anglais et le français, mais autant la langue de Molière fait son effet nostalgie sur les deux premiers épisodes de la trilogie (qu'on a souvent découvert en VHS ou en diffusion télé de toute façon), autant il est difficile de tenir une minute avec le doublage français de cet épisode qui semble doublé par les plus grands acteurs d'AB (si seulement ils n'étaient pas en âge de sucer leur pouce lors de la sortie de la bobine en salle).
Rentrons donc plutôt dans le véritable sujet : le film. Moins pertinent en 2011 que son prédécesseur Zombie dont le propos est toujours très actuel, le jour des morts-vivants reste une violente critique contre une "humanité" soumise à ses chefs de guerre auxquels ne s'opposent de braves scientifiques pas vraiment responsables. Les années Bush nous ont il est vrai habitué au discours critique sur la domination américaine et tout cela peut sembler un peu basique aujourd'hui.
Mais le film est après tout sortie dans l'Amérique Reaganienne des années 80, où le cinéma nous a conté tant de ces jolies histoires de mercenaires bodybuildés se battant pour la gloire de l'Amérique et le salut du monde. Dans ce cadre le propos de cet épisode reste évidemment subversif, en plaçant l'espoir du côté des zombies, capables d'apprendre et de se civiliser quand l'homme lui court à sa perte. Et il y court en poursuivant tout ce qui fait la gloire de l'Amérique de cette époque : une certaine assise technologique doublée d'une évidente force de persuasion militaire. On serait tenté d'ajouter aussi de superbes bunker, mais le film nous place lui dans un vestige de la seconde guerre mondiale faits de couloirs blancs aseptisés et de roches brutes : plutôt spartiate.
Comme dans toute la trilogie le danger vient des hommes, et cette fois plus encore que dans les épisodes précédent, de leur incapacité à se coordonner et s'organiser, car trop viscéralement portés vers les organisations fascistes, les discours manipulatoires et l'absence d'éthique. En conséquence, le personnage le plus marquant, et peut-être le plus sympathique, se trouve donc être un zombie, Bud, capable d'apprentissage et sans doute même d'affection ce qui l'amènera à développer un certain sens de la justice.
Pour les hommes, piégés dans ce contexte hostile, seul le rêve permet de s'échapper de cette terre peuplée de zombie, et de ce bunker étouffant, mais il ne peut y avoir de rêves sans cauchemars, ce que Romero nous mets gracieusement en image. Ces cauchemars qui ne permettent pas aux protagonistes ni au spectateur de s'échapper du bunker central accentuent cette claustrophobie qui nous envahit durant toute la durée de film qui comme ses prédécesseurs joue sur une quasi-unité de lieu.
Une fois ce climat installé, et le discours passé, le film redevient alors subitement dans sa dernière demie heure un film de zombie qui fera jubiler les fans de gore, avec ce qu'il faut de sang rouge et frais, de peaux transpercées, d'organes baladeurs et d'os humains recouverts de chairs à moitié dévorées. Il y a beaucoup de talent pour rendre chaque nouveau festin à Zombie à la fois gore et réaliste. Les amateurs apprécieront ce travail minutieux, bien au dessus de ce qui faisait pourtant, déjà, le charme des épisodes précédents et de tout le genre "film de Zombies" que Romero a initié et fait grandir grâce à sa trilogie initiale, aujourd'hui rallongée de 3 autres films sortis récemment.