Ariel Pink: Pom pom ou le bouffon qui voulait être roi
Il y a quelques semaines, Ariel Pink faisait croire qu’on l’avait contacté pour écrire des chansons à Madonna. Il disait que la madone et son label avaient « besoin de quelque chose d’audacieux. Ils ont besoin de songwriting. (…) Ils ont besoin de chansons. » Réponse du manager de la pop star, Guy Oseary: « Madonna et moi n’avons jamais entendu parler d’Ariel Pink. (…) M n’a aucun intérêt à travailler avec des sirènes. »
Ariel-Pink-pom-pomAvant qu’Ariel Pink ne se prenne au sérieux, et sorte Pom Pom, il faisait de la pop lo-fi pour débiles congénitaux. C’était fou, plein de couleurs et je m’en foutiste à souhait. J’écoutais ça avec une fascination pantoise, similaire à celle des enfants lorsqu’ils arrivent le 25 décembre au matin devant le sapin Noël, ébahis par la couleur des cadeaux sur lesquels se réfléchissent les lumières bleu, jaune et rouge des guirlandes lumineuses. Ariel Pink sautait d’instrument en instrument, de mélodie en mélodie, parfois au sein même d’une seule chanson. Le voyage était chaotique, mais il avait du charme. Ainsi de la chanson qui sert d’ouverture à The Doldrums (2004), « Good kids make bad grown ups », marquée à la culotte par « Fire Strange ».
Avec Pom Pom, il cherche à dépasser son image de freak, de l’amuseur de service pour acquérir une crédibilité. Mais les mélodies ne sont pas aussi bonnes que ce qu’il a pu faire par le passé. Les chansons les plus réussies sont celles où il va chercher du côté de son avant-dernier album Before Today. « Lipstick » est une version 2.0 de « Can’t hear my eyes » et « Put your number in my phone » aurait également très bien pu se retrouver sur cet album-là. En revanche, dès qu’il s’éloigne de Before Today, il devient une caricature. « Not enough violence » pose même la question du plagiat, tant le riff, le rythme de la batterie et l’atmosphère de la chanson sont un copié-collé de « One hundred years » des Cure. « Sexual athletics » évoque « Sunshine of your love » de Cream, et « Picture me gone » rappelle avec cruauté le superbe « Lauren Marie » de… Christopher Owens, né en 75, un des auteurs-compositeurs les plus doués de sa génération, résidant à San Francisco. Voilà donc où on en arrive. Ariel Pink, résidant à Los Angeles serait il secrètement jaloux, ou tout simplement admiratif de Christopher Owens, qui a également sorti un album cette année (A new testament) ?
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