J’ai été à de nombreuses reprises saisi par l’ambition de la réalisatrice de fabriquer rien moins qu’un film hybride, à la manière de ces monstres mythologiques qui ont tant hantés notre enfance. Bref, pendant une bonne moitié de la projection je me suis demandé où voulait-elle en venir: comédie-dramatique ? film catastrophe ? film de guerre ? thriller ? j’avais la sensation de voir réuni en un peu plus de deux heures et trente minutes, Invictus, Old Boy, Memphis Belle, Les Dents de la Mer, Lost: les disparus, un cours de cuisine dirigé par Joël Robuchon et un défilé de statues de cire tout droit sorties du musée Grévin, représentant à peu près tous le casting des acteurs figurant dans ce métrage. Une aubaine quand on pense au prix moyen d’une sortie culturelle de nos jours.
Si Angelina Jolie pense conquérir le marché du consommateur moyen avec ce travail-là alors c’est réussi, car c’est avec ce genre de pot-au-feu que l’on séduit les personnes perdues dans un inconfort psychologique permanent, et celles qui ont trop longtemps été exposées aux idioties de Luc Besson, ce qui équivaut peu ou prou à la même chose. On peut se demander qui de Besson, avec Lucy, et Jolie, avec Invincible, mérite le plus la palme de l’auteur ayant réalisé le plus gros navet de l’année. Heureusement pour Angie, la sortie de Invincible étant prévue pour début janvier 2015, elle échappe logiquement, et d’une courte tête, à cette funeste récompense, même si, j’en suis sûr, certains spectateurs, tel que l’auteur de ces laborieuses lignes, n’oublieront sans doute jamais ces deux heures et demi enfermés dans le noir absolu, expérience qui constitue, pour n’importe quelle personne dotée d’un brin de raison, d’une pincée de bon sens et d’un chouilla de sens critique, un terrible et irréversible traumatisme cinématographique.
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