Moi qui ai connu et vécu le "rock décadent" - comme les journalistes de Best et Rock & Folk disaient au début des années 70 -, le prog déjanté de la même époque, Kim Fowley et Todd Rundgren ("A Wizzard, A True Star", quelqu'un ?), ce "pom pom" m'a soufflé (et même rendu un peu nostalgique - et pourtant, je hais la nostalgie !) : tout était là, à nouveau, avec la même exagération (prétention ou sens de l'humour ? le débat est toujours ouvert), mais aussi la même générosité un peu crado. D'ailleurs, Kim Fowley lui-même est là, c'est bien la preuve qu'Ariel Pink sait ce qu'il fait. Pourtant, je n'aimais pas Ariel Pink, pour l'avoir vu, ridicule, pas drôle et pénible, jouer de la disco grasse un soir à Paris avant que Black Lips et Liars n'emportent, eux, notre adhésion : je l'avais classé comme un "p'tit con, sans talent", et l'avais enterré. Mais "pom pom", s'il n'invalide pas totalement ce jugement (le côté "p'tit con"), prouve que du talent, le bougre en a : il y a ici des mélodies psyché que Syd Barret n'aurait pas reniées, des envolées qui rappellent le Genesis fou de "Foxtrott", des délires fragmentés en petits morceaux qui évoquent les débuts de Sparks. Il ya même une paire de belles, oui vraiment belles chansons plus conventionnelles ("Put Your Number...", "One Summer Night", "Consider Me Gone")... Le tout sali par un son garage rafraîchissant, concassé par des intrusions permanentes de gimmicks sonores et de dialogues débiles. Parfois, ça reste (ou devient) très fort, souvent c'est très drôle, mais ça arrive aussi à être grossier et lourd, indiscutablement. En fait, le pire défaut de "pom pom", c'est que ce n'est pas un album (avec un... sens, une logique, une sorte de construction thématique ou émotionnelle), mais un énorme gâteau obèse, écoeurant de "trop" (de mélodies, d'idées, de gags), un disque à peu près inécoutable dans son intégralité. On pourra d'ailleurs aussi trouver que ce pire défaut a tout d'une qualité, en une année (2014) où on a du mal à trouver plus d'une véritable idée originale dans un disque "normal". Alors, on va roter pour faciliter la digestion, et crier tous en choeur : "Merci, Ariel, pour nous avoir cochonné ainsi notre année rock 2014 !". [Critique écrite en 2014]