Deuxiéme album de la chanteuse, 3éme escale de mon voyage dans l'univers de cette diva si particulière, Post est un album m'ayant davantage convaincu que le précédent.
Si je trouvais que Début était un album qui avait cette brutalité exotique, sans véritable complexité dans les différentes atmosphères que la chanteuse nous proposait malgré certaines bonnes chansons et un vrai chef d'œuvre le clôturant, Post est un album plus maitrisé et osé, plus mature. Autant musicalement parlant, que pour ce qu'il raconte.
La diversité musicale s'éloignera de la violence disco de Début, de ses flirts jazzys, pour aller piocher vers l'éléctro, le trip-hop, et la pop. Il n'oubliera cependant pas ces 2 genres qu'il mêlera à ses nouvelles ambitions.
Post est un album plus ambitieux, un album à l'univers visuel complexe et symbolique, expérimental, qui se veut libre à interprétation.
Entre un rêvé, sublime et facile d'accés Hyperballad, flottant et onirique, au clip d'une grande beauté exprimant à la perfection l'altitude de cette chanson sur l'isolation et la fuite de la réalité, voir une allusion au suicide. Une chanson m'ayant fait flotter que j'ai beaucoup appréciée.
Bien évidemment passant par le très connu cover de It's o so quiet de Betty Hutton, purement jazz. Un clip ayant été récompensé, digne d'une comédie musicale il ne m'a cependant pas transcendé par son coté très terre à terre en comparaison avec l'onirisme et la folie des autres. Le contraste et les sauts d'intensité de la chanson sont appréciables et impressionnants de maitrise, malgré mon affection minime du jazz.
En passant par un génial Possibly Maybe trip-hop et dérangeant mais fascinant, par ses sons saturés et sa volute mélancolique, la voix de la chanteuse narrant une traumatisante relation toxique par un humour noir déstabilisant. Une chanson qui se voudra également dotée d'un clip expérimental, visuellement troublant et coloré, offrant des interprétations. Cette ballade lancinante et glacante, m'a fasciné et est selon moi un des meilleurs titres de l'album.
Sans oublier un surréaliste et industriel Army of me, critique de la société qui nous transforme en machine, la voix autotunée de la chanteuse accompagnée des beats machiniques en référence à son message se veut efficace, pour un clip débordant de surréalisme. Bien qu'il ne s'agisse guère d'une sonorité qui m'attire, je l'ai tout de même trouvé réussie.
Mentionnons également l'infernal et terrifiant Enjoy, flirtant avec le métal, possible dénonciation de la culture du viol, la voix hurlante et déshumanisée de la chanteuse dansante dans cette spirale électro infernale se veut digne d'un film de Gaspard Noé. Un titre possédant un clip troublant et diffus, que je n'ai parvenu à déchiffrer, cependant digne de son atmosphére. Une chanson qui était partie pour m'être hermétique, mais que j'ai finalement fini par trouver assez jouissive.
N'oublions pas Isobel, chanson bien plus acoustique, par ses violons dignes d'un conte de fée, son clip réalisé par Michel Gondry en noir et blanc, à la jolie réalisation. Clip bien plus calme et moins agressif par son parti pris esthétique. Si les paroles complexes et poétiques m'ont séduit, si son ton de gamine innocente m'a été ardu à apprécier bien que j'ai fini par la tolérer par son sens, l'instrumentale elle n'y est pas parvenu, trop féerique cassant trop avec le reste de l'album. J'ai un avis mitigé sur cette dernière, tant mon avis peut cependant varier à chaque écoute, par dela le fait qu'elle est radicalement différente de ses consoeurs.
Enfin, finissons par la dernière chanson possédant un clip, I miss you. I miss you, posséde un clip en animation cartoon, débordant de folie et de sous-entendus sexuels. Une instrumentale disco, éléctro, dansante et enjouée, mélée à des trompettes semblables, sera présente tout du long, donnant du rythme à la chanson traitant des rêveries romantiques de la chanteuse, se languissant d'un hypothétique prince charmant qu'elle appelle par dela les étoiles. J'ai apprécié la folie de cette chanson, son audacité, ainsi que son texte auquel on peut clairement s'identifier, ainsi que son instrumentale folle et enthousiaste.
Passons maintenant aux chansons ne possédant pas de clips.
The modern things, chanson ou la chanteuse expose sa surprenante vision du monde, et parle surement implicitement de sa passion pour la technologie, se voudra trip-hop. Ballade ennivrante ou s'emmêlent inattendues observations de la chanteuse sur le monde, et élucubrations mélodieuses. Elle semble se mêler à l'étrangeté de ce monde, à ces machines sorties de montagnes attendant depuis la nuit des temps, parlant avec leur langage incompris des humains qu'elles égalent selon l'islandaise. Instrumentalement parlant, elle est intéressante, n'ayant été sans me rappeler des bribes de Dummy de Portishead sorti la même année, la voix de la chanteuse utilisé en enivrant, presque inquiétant canon , se mêle à cela. Textuellement parlant, elle nous fait plonger dans la tête de la chanteuse, qui nous expose alors sa déroutante vision du monde, d'un intéressant onirisme, dans lequel il est agréable de se laisser emporter. Je l'ai plutôt appréciée.
You've been flirting again, leçon de morale sur l'amour, émouvante, n'a été sans me rappeler Someone in love, du précédent album. Deux éléments, sa voix pure, tendre, et sincère, un violon accompagnant le tout. Je l'ai appréciée pour sa beauté pure et sa tendresse.
Cover me, prend la forme d'une histoire racontée prés du feu, accompagnée de guitares au son psychédélique, mélé à des basses virevoltantes et inquiétantes semblables. Tout y est pour créer cette ambiance, sa voix murmurant d'étranges révélations, Björk semble vouloir explorer l'inconnu, glorifie le danger de ces derniers qui justifient ses efforts. Totalement expérimental, il s'agit surement du titre le plus étrange de l'album en plus d'être le plus court. Mon avis est mitigé, je salue son atmosphére, mais n'apprécie les montées aigues de la chanteuses. Sa bizzarerie vaut cependant le détour.
Headphones, cloture l'album. Ballade poétique et apaisante, difficile à écouter étant donné que son calme extrême nécessitera d'être dans un total silence pour en profiter. Elle m'a été très agréable, les beats apaisants donnant la sensation d'être dans une bulle, le piano semblable, sa voix murmurant de manière intimiste et mélancolique son affection envers ses écouteurs, décrivant de manière très précise la magie de cet objet lui ayant visiblement sauvé la vie. Véritable berceuse au texte mélancolique, il s'agit selon moi d'un des meilleurs titres de l'album, hypnotisant de beauté. Il clôture l'album sur une note calme mais avec un arrière gout de douce tristesse.
Post est un bon album, plus mature tout en restant assez naïf dans ses réflexions. Son style musical éclectique est selon moi plus réussi que lors du précédent album, plus maitrisé. Bien qu'il ne contient selon moi aucune véritable claque, il contient cependant quelques titres puissants dans leur styles, un univers visuel hypnotisant.
Post est un album psychédélique ou y perdre ses répères est fortement possible, pour finalement flotter dans cet univers que la magicienne islandaise laisse échapper de son âme, à travers des réflexions qui telles la pochette, viennent tourner en couleur autour de l'innocente jeune femme, bariolant alors son existence et flirtant avec son innocence. Les deux se confrontant, se rapprochant, dans un échange puissant.