(SPOIL D'INTENTION ARTISTIQUE)
Björk, est une artiste que j'ai découverte dans le film Dancer in the dark, de Lars von trier. N'ayant aimé le film, mais fasciné par cette cantatrice à la voix si puissante et enchanteresse, à la voix si pure et sauvage, d'une douceur infinie comme d'une rage volcanique, traversée de la puissance des éléments, j'ai décidé de m'intéresser à sa musique.
Quelle ne fut pas ma surprise, lorsqu'e sans aucunes attentes ni préparations, m'attaquant à quelques titres de son dernier album, Utopia, son univers visuel et sonore si original et complexe, fracassa mon esprit bouleversant toute idée reçue et schémas musicaux imaginables. Me retrouvant malgré ma volonté, hermétique à toute cette audacité artistique, que je recherche pourtant aujourd'hui.
Les années passèrent, ma volonté ne pouvant combattre le rejet instinctif que j'éprouvais à l'époque. J'oubliai Björk et sa voix magique…
Pourtant c'est en cette année 2020, que ce titre d'album Homogenic, trouva son chemin jusqu'à mon cerveau. Curieux, je retenta une nouvelle fois l'expérience… Une expérience, qui me fit rentrer dans cet univers si dense et opaque au premier coup d'œil.
Quelle surprise ! Homogenic est un pur voyage artistique. Qui frôle même l'album concept, par une volonté de voyage onirique et atmosphérique au sein des pensées et de l'évolution psychologique de la chanteuse.
Homogenic, homogène donc. Des émotions puissantes, extrêmes, qui s'entremêlent dans un mélange homogène… Shéma de l'évolution bouleversante de la magicienne islandaise.
Une geisha futuriste pour pochette, comme pour marquer le passage à l'âge adulte de la chanteuse, devenue forte au prix de désillusions, d'où son sourire absent. Maintenant parée à affronter le monde sous ses impressionnants atours . La renaissance du phénix.
Il s'ouvre sur la folie électronique et anxiogène d'Hunter, comme pour effrayer les visiteurs, éloigner ceux qui ne seraient pas prés à endurer l'ardeur d'un tel voyage aussi éprouvant émotionnellement, afin de ne révéler ses failles qu'à ceux qui le mériteraient, comme le monstre à l'entrée d'une caverne dans lequel il faut s'enfoncer pour trouver le trésor.
Puis il effectuera un virement vers l'ode à la joie, à l'extase embrasée du sublime chef d'œuvre Joga. Poussée dans ses derniers retranchements, la chanteuse prend presque conscience qu'elle en train de bruler, que son amour et sa passion la conduira à chuter, elle est poussée dans ses derniers retranchements. Mais qu'elle sait également que telle l'Islande, c'est ainsi qu'elle vit et qu'elle aime la vie. Joga est une ode au bonheur et à l'amour, la passion. A ce seul feu qui dévore avec une voracité sans borgnes notre chair et notre âme, mais que l'on ne se soucie de voir nous consumer.
Pour par la suite parvenir à la sensualité mélancolique de l'étrange Unravel , avec ses sensuels violons et son texte déchirant… Björk se laissant presque mourir aux mains d'un diable et de son funeste destin, le suppliant de venir la chercher, à travers une apaisante et presque érotique complainte.
La suite sera la surpuissance enragée, la noirceur jouissive de Bachelorette, ballade ténébreuse et guerrière toute droit surgie des tréfonds du cœur brisé de la chanteuse islandaise, au texte surréaliste, chef d'œuvre de ce voyage ésotérique signé Björk. Pur cri du cœur qui vous fera perdre pied, votre âme frappée de plein fouet par la douleur de l'artiste islandaise, qui prend ici une dimension presque jouissive…
Un besoin de reprendre son souffle alors, s'impose à l'esprit, c'est alors qu'une étrange escale sera votre repos, avec l'ennivrante mais également déstabilisante ballade souterraine et surréaliste*All neon like*, une incantation hypnotisante semblant vouloir vous guérir de la mélancolie déchirante de son précédent cri du cœur, une pause pourtant toujours touchée des blessures émotionnelles de la chanteuse par ce texte empreint de tristesse, qui semble autant se parler à elle même qu'à la personne qui écoute.
C'est un retour à la surface bien brutal qui vous attendra ensuite, puisqu'e le tremblant 5 years, cri de douleur aux beats violents et durs et à la puissante volute sonore, qui instrumentalisent tout deux la voix déchirée de la chanteuse qui chante de nouveau sa douleur et son mal-être, son cœur brisé.
C'est alors que rampant, titubant d'une telle violence émotionnelle, vous arriverez jusqu'à Immature. Immature est singulière par son rythme enfantin, par cette instrumentation enthousiaste et les mots presque arrachés à la gorge comme si tant d'émotions avaient retiré à Björk l'usage de la parole, joyeux, enjoué, et à son texte d'une grande cruauté, contraste douloureux, qui viendra pourtant rapidement prendre le pas sur la chanson paradoxale…
Dans cette élan d'enthousiasme enjoué cachant un message bien plus profond et parfois plus sombre que sa forme, se trouvera le possédé Alarm call . Ici l'islandaise, comme possédée d'une intense allégresse électronique, cachant une rage optimiste, nous parlera de son incompréhension de l'être humain et du cruel destin qui lui est réservé. Révoltée par cette noirceur, une certaine volonté de mener un combat contre cette dernière se dessinera dans cette chanson. Une chanson qui dotée d'un titre métaphorique décrivant l'état d'esprit de la chanteuse, alarmée par la condition humaine, sonnera comme une danse enjouée invitant à se réveiller et à sortir de l'obscurité.
Puis viendra la terrifiante, cathartique, hérésie électrique Pluto. Un cri enragé, violation en profondeur de vos tympans et de vos émotions jusqu'e ici assez secouées par tant de colère et de souffrance… Presque inécoutable, d'une froideur et d'une colère à faire fuir même les oreilles les plus courageuses… La libération de la chanteuse de sa douleur, qui nous offre ici un pur partage de sa peine.
Enfin, l'harmonie empliera son cœur, avec All is full of love, expression d'un calme retrouvé, ode à l'amour, beauté de ce dernier, qui dans tant de haine et de douleurs s'était perdue. Les portes ouvertes à la douleur sont fermées, l'amour est autour de nous, Björk s'est libérée de tant de colère qui l'empêchait de voir la lumière et la vérité. L'amour est la fin du voyage, conclusion de ce dernier. la renaissance du phénix après s'être consumé.
Homogenic est un voyage émotionnel, un album profondément intimiste. Il suit les pensées de la chanteuse, ses émotions. Qui dans la souffrance, s'est relevée telle l'oiseau légendaire.